Des barrages de contrôle routier inopinés étaient dressés pour renforcer ceux déjà établis en permanence. Un dispositif qui a eu pour conséquence de créer des bouchons interminables et dissuader bien des fêtards. Ce samedi 31 décembre 2016, un dispositif sécuritaire impressionnant quadrillait Alger et ses alentours. La sûreté de la wilaya d'Alger avait annoncé la mobilisation de 3 000 policiers, alors que des barrages inopinés de la Gendarmerie nationale ont été dressés sur quasiment tous les carrefours et les grands axes routiers à la périphérie de la capitale. Dans la journée déjà, une présence policière massive était visible dans les stations de bus, de métro, de tramway, mais aussi dans les marchés de proximité et les grandes avenues commerçantes. Pas un espace n'échappait à l'œil scrutateur du policier. La présence des membres du service d'ordre était franchement visible. Le dispositif pouvait cependant dissuader jusqu'aux plus téméraires des fêtards. C'était difficile en effet de se rendre d'un endroit à l'autre d'Alger sans passer l'épreuve du bouchon qui fout les nerfs en boule. Sur le chemin menant d'El-Djamila (la Madrague) à Alger-Centre, côté front de mer, la présence policière était telle que la circulation automobile devenait quasiment impossible. Des bouchons monstres commençaient à se constituer en fin d'après-midi. La Madrague, un des derniers espaces de l'Algérois où les citoyens peuvent encore s'approvisionner en boissons alcoolisées, constitue un point de surveillance névralgique pour les services de sécurité. Beaucoup d'automobilistes faisaient d'ailleurs demi-tour sur la route, renonçant ainsi à aller faire leurs achats pour la soirée du nouvel an. À Alger, l'alcool étant devenu un produit rare, à la limite de la prohibition, il faut s'y prendre bien à l'avance pour pouvoir s'approvisionner. Des jeunes gens, soupçonnés d'avoir des boissons alcoolisées dans le coffre de leur voiture, étaient particulièrement ciblés par les policiers et les gendarmes au niveau des barrages sécuritaires. Et les contrôles devenaient plus rigoureux à mesure que le jour filait. En début de soirée, le dispositif s'est vu encore plus renforcé. À l'entrée d'Alger, à hauteur de Dar El-Beïda, un barrage de la Gendarmerie nationale a été installé sur l'autoroute. Il filtrait les entrées. Conséquence : un bouchon monstre s'est constitué. À peine une seule voie a été laissée libre et les gendarmes faisaient passer les véhicules un par un. Là encore, les jeunes soupçonnés d'aller faire la fête étaient particulièrement contrôlés. Surtout les véhicules où on pouvait apercevoir des jeunes filles. La démarche des services de sécurité était ainsi dissuasive. À plus d'un égard. En tout cas, elle ne pouvait que faire renoncer le maximum de citoyens à sortir fêter la soirée du nouvel an. Et c'est ce qui a fini par se produire, étant donné qu'il n'y a aucun charme à passer sa soirée dans les bouchons et être constamment contrôlé. Le dispositif sécuritaire ne servait pas uniquement à protéger la capitale contre d'éventuels attentats terroristes, les fêtes de fin d'année étant, en effet, un rendez-vous hautement symbolique pour les semeurs de chaos et de désastre. Le dispositif en question donnait plus l'impression de traquer les fêtards. Il n'y en a pas eu beaucoup d'ailleurs. Et c'était sans compter sur l'excès de zèle de certains agents de l'ordre qui ne conçoivent pas que des jeunes coreligionnaires puissent sortir et festoyer durant la nuit du nouvel an. Une célébration perçue comme un apanage de l'Occident chrétien. Ce zèle a fait regretter à cette jeune fille d'avoir voulu prendre un bol d'air en voiture. Elle témoigne qu'elle cachait son paquet de cigarettes à l'approche des barrages routiers, de peur d'avoir à subir un discours moralisateur. Les Algérois, particulièrement la jeunesse, n'ont pas pu célébrer le nouvel an comme ils l'auraient souhaité. Enfin si, puisqu'aux coups de minuit, des salves de pétards et de feux d'artifice ont éclaté dans de nombreux quartiers. Faute de musique et d'espaces dédiés à la convivialité, on s'enivre des bruits qu'on peut. Ceux des pétards, entre autres. Mehdi Mehenni