Jamais de mémoire de mélomane un hommage n'a drainé autant de monde au cœur de la librairie Chaïb-Dzaïr qu'en cet après-midi du 24 décembre dernier. En effet, en plus de Rezki Bentayeb qui était son compagnon de tous les jours à la rampe Louni-Arezki (ex-Rampe Valée), il y avait également ses fans du tout Alger et de l'Algérie profonde qui s'étaient agglutinés autour de Fethani Nourredine qui contait la biographie et l'itinéraire artistique du barde Amar Aït Zaï dit Ezzahi (1941-2016). Du reste, l'orateur a levé le "linceul" sur ce qui s'était colporté ici et là, sur l'homme qui s'était emmailloté de mystère et auréolé d'une illustre aura qu'il n'aimait pas, a-t-on su du conférencier. Pour Ouled El-Houma, l'image d'Âamimar restera burinée au cœur ! "Mais c'est parce qu'il avait toujours eu le cœur sur la main !" qu'il disait ce musicien, en l'occurrence âami Abdelkader Kribi qu'il côtoyait sous les feux des guirlandes lors des cérémonies familiales sur les s'tah (terrasses) de douirat de la Casbah. Au demeurant, les Ouled El-Houma lui ont rendu la "pareille" lors de ses funérailles pharaoniques qui défrayèrent la chronique d'ici et d'ailleurs. Mieux et fier de sa belle âme, "El-Meqnine Ezzine" n'a eu de cesse de grimper dans l'estime de son fan club populaire lorsqu'il réfuta d'un revers de main l'aide pécuniaire de l'Etat qu'il ne désirait pas. Ni d'ailleurs l'offre d'un pèlerinage aux lieux saints de l'Islam et l'aide pour des soins à l'étranger qu'il déclina poliment. Et de là à dire qu'il vivait dans le dénuement, ses fans rétorquent qu'"Amar Ezzahi n'était pas cupide pour un sou. Et lorsqu'il en avait, il en faisait don à l'anonyme homme de quartier ou de la rue". En ce sens, "El-Meqnine Ezzine" achetait les chardonnerets qu'il libérait de leurs cages à B'hiret Marengo, l'actuel jardin de Prague. Repose en paix l'artiste, les Haouchine Rabah, Aït Aoudia Lounis, Yahia Bouraba et tant d'autres fans vous diront l'élan de générosité qu'entretenait Amar Ezzahi vis-à-vis de son prochain. Que dire d'autre ? Sinon que Sid Ali Sakhri et Rachida Belheraoui ont su inoculer de la vie à la librairie Chaïb-Dzaïr. N. Louhal