Des milliers de personnes ont accompagné, à sa dernière demeure, le maître incontesté de la chanson chaâbie, Amar Ezzahi, décédé le 30 novembre 2016, à son domicile à Alger à l'âge de 75 ans. Amar Ezzahi n'est plus. Il a quitté ce monde bruyant et effrayant le soir du 30 novembre, mois de toutes les mélancolies. Chez lui, rampe Arezki Louni (ex-rampe Vallée), à l'ouest d'Alger, le dernier maître du chaâbi s'en est allé, emporté par une crise cardiaque. Il ne sera donc pas transféré à l'étranger pour des soins, comme le souhaitaient ses milliers de fans. Amimer, sobriquet sympathique, est parti comme il a toujours vécu, loin des lumières, des micros, des discours et des paillettes. Une veillée avait été observée. Une foule nombreuse s'est déplacée au domicile mortuaire pour un ultime hommage à l'homme modeste, à l'artiste populaire et à l'Algérien simple que fut Amar Ezzahi, surnommé ainsi par Kamel Hamadi. Le lendemain, ils étaient encore plus nombreux à assister à l'enterrement de l'artiste au cimetière El Kettar, venus de toute les régions d'Algérie. La dépouille mortelle drapée des couleurs nationales a été sortie du domicile mortuaire avec des youyous. La popularité de Amar Ezzahi est sans conteste. Dans les années 1960-1970, il a interprété une quinzaine de chansons composées et écrites par Mahboub Bati. D'autres interprètes ont travaillé avec ce parolier du melhoun hors pair, comme El Hachemi Guerrouabi, Boudjemâa El Ankis, Amar El Achab... Ezzahi a, entre autres, interprété Dik Chma'a, Mali hadja, Ya lbia mani seyad, Ya al aadra, Sali trach, Win n'sibou, Alef kiya ou kiya, Ach aâdebni, Ya bechari... A sa mort, il n'avait même pas de passeport ! Ezzahi était comme ça, il détestait être enchaîné tant dans sa vie privée que dans son parcours musical. Le président Abdelaziz Bouteflika a qualifié Ezzahi, dans un message de condoléances repris par l'APS, d'«icône de la chanson chaâbie» et de «talentueux créateur qui a passé sa vie au service du patrimoine musical national». «Un artiste virtuose dont l'œuvre alliant modernité et authenticité inspirera à jamais les créateurs... Ses fans continueront pendant très longtemps à fredonner ses chansons», a ajouté le chef de l'Etat. Puisqu'il est question de patrimoine musical national, il faudra peut-être penser à créer le «musée national du châabi» pour sauvegarder la mémoire de ce style musical inégalable...