Résumé : Keltoum tente de garder la tête froide devant les évènements qui perturbent sa famille. Elle craignait tant pour Racim et Narimène. Ce dernier la rejoint dans la cuisine. Il s'apprêtait à se rendre au bureau. Elle lui sert un café. .Elle se met à beurrer un pain, mais Racim arrête son geste : -Non, je n'ai pas envie d'avaler quoi que ce soit hormis ce café chaud . Keltoum lui lance un regard plein de reproches : -Voyons mon fils, une longue journée t'attend au bureau. Tu dois manger pour avoir de l'énergie. -Je ne peux rien manger maman. (Il porte la main à sa gorge) Rien ne passe. Tu dois comprendre que le désespoir commence à me gagner. -Le désespoir. Que Dieu nous en préserve mon fils. Il secoue la tête : -Cela fait déjà un mois et trois semaines que Choukri a disparu. Tous nos efforts pour le retrouver ont été vains. Je... je ne sais plus quoi faire maman. (Il étouffe un sanglot). Je ne sais plus quoi faire ni sur qui compter. La police, le détective, les relations. Tous ce monde tente depuis des jours de retrouver ne serait-ce qu'une infime trace de mon enfant. En vain. Rien ne se profile à l'horizon, et je crains que la police ne finisse par abandonner la partie. Keltoum se lève et contourne la table pour se mette à la hauteur de son fils. Elle lui entoure les épaules, et le serre contre elle : -Je ne te connaissais pas aussi faible mon fils. Je pensais que tu pouvais encore résister quelque temps. Du moins jusqu'à ce que la police ou ce détective aient quelques indices sérieux. (Elle soupire). Mais tu réagis comme n'importe quel être humain sensé. Ton cœur saigne. Et tu ne supporte plus cette douleur en toi. Racim renifle et relève les yeux vers sa mère : -Chaque fois que mon regard rencontre celui de Narimène, je me sens impuissant, de plus en plus impuissant. Mon épouse tente de percer mes pensées. Elle doute même parfois de la véracité de mes dires. Elle s'accroche à moi et tente de retrouver du courage dans mes propos. Mais je suis au bout du rouleau moi aussi. Je nage à contre-courant. Entre l'espoir de retrouver mon fils vivant et l'angoisse de le retrouver mort, je n'arrive plus à maîtriser mes émotions. Keltoum passe une main apaisante sur la tête de son fils : -Chut ! Chut ! Racim. Ne dis pas ça. Avec l'aide de Dieu, nous arriverons bientôt à la fin de nos peines. Elle se tait et le contemple un moment avant de lancer : -Ce n'est pas le moment de flancher Racim. Tu as toujours su mener ton bateau à bon port, et ce n'est pas maintenant que tu va le laisser sombrer. Narimène et Choukri ont besoin de toi, mon enfant. Le vieux Kader s'étire et jette un coup d'œil à son réveille-matin. On était encore aux premières heures du jour. Il était trop tôt pour réveiller Choukri et il faisait trop froid pour s'aventurer dehors à cette heure-ci. Il rejette son burnous et se lève. La maison était plongée dans le silence, et on n'entendait que le cri de quelques animaux errant dans la forêt. Le vieil homme se dirige vers la cuisine pour se préparer un café. Il se rappelle que Khadidja n'avait pas dîné la veille, et qu'il était temps pour lui d'aller la retrouver. Il se gratte la tête en se demandant s'il ne ferait pas mieux de la détacher. Il pourrait au besoin l'enfermer dans la maison avant d'aller retrouver la police pour lui confier l'enfant. Et cette fois-ci, il ne reculera devant rien ! Il met une cafetière sur le feu et dépose une tasse sur la table de cuisine. Son café, il l'aimait bien dosé, mais Khadidja l'aimait plus léger. Alors il va se servir, puis penser à rajouter de l'eau dans la cafetière pour alléger la dose. Le breuvage chaud lui fera le plus grand bien. Il se laisse aller sur une chaise et respire un bon coup. Que va-t-on donc lui dire au commissariat lorsqu'il s'y rendra avec Choukri ? Ils vont sûrement le coffrer, et remonter jusqu'à la ferme pour embarquer Khadidja. Ils l'avaient bien mérité tous les deux. Il secoue sa vieille tête : à son âge, il aurait dû faire appel à sa sagacité, avant de s'engager dans une telle aventure ! (À suivre) Y. H.