Le parti du Front de libération nationale (FLN) a attendu le retour au calme dans les régions de Béjaïa et de Bouira, marquées durant deux jours par des débrayages et des émeutes, pour enfin réagir. Le parti de Djamel Ould Abbes appelait, en effet, ce jeudi, dans un communiqué répercuté par l'APS, "tous les partis politiques, les composantes de la société civile, les faiseurs de l'opinion publique et les bienfaiteurs à s'unir pour préserver la paix sociale et les acquis réalisés pour lesquels le peuple algérien a payé un lourd tribut durant la décennie noire". Il a également précisé "suivre de près le mouvement de contestation et la fermeture volontaire de locaux commerciaux", relevant au passage que "la manifestation pacifique est un droit garanti par la Constitution conformément au cadre juridique, mais la violence et la démolition des biens est sont des actes condamnables car portant un coup à l'intérêt national". Le hic est que "les partis politiques, les composantes de la société civile, les faiseurs de l'opinion publique et les bienfaiteurs", à qui le FLN se permet de donner des leçons de patriotisme, avaient agi et réagi bien avant lui. Difficile de croire donc que le FLN suivait réellement de près "le mouvement de contestation et la fermeture volontaire de locaux commerciaux". La veille seulement, mercredi, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Front des forces socialistes (FFS) réagissaient simultanément. "Nous sommes contre ces violences, contre l'anarchie et contre le chaos qui n'arrangent que le pouvoir, ses relais et sa clientèle au niveau local. Nous sommes pour toutes formes de revendication et de protestation pacifiques, identifiées et organisées. Nous sommes pour une transition démocratique, pacifique et négociée", indiquait le président du bureau régional du RCD de Béjaïa, Mouloud Deboub. De même que chez le FFS, le premier secrétaire fédéral à Béjaïa, Rachid Chabati, appelait "la population, notamment les jeunes, à la vigilance pour déjouer les manœuvres des apprentis sorciers". C'était aussi le cas chez la Ligue algérienne des droits de l'homme (Ladh) et le Rassemblement action jeunesse (RAJ), qui ont condamné les violences à Béjaïa et à Bouira. À qui donc le parti de Djamel Ould Abbes pourrait-il encore faire la leçon ? À la société civile ? Celle-ci avait dès les premiers actes de saccage appelé au calme et à la raison. Et il faut reconnaître à cette même société civile, notamment à travers sa large mobilisation sur les réseaux sociaux, d'avoir fait éviter le pire au pays. Et c'est à elle seule que revient le mérite. Quant au FLN, qui avait peut être ses petits calculs politiques pour ne pas avoir réagi à temps, il serait très déplacé de sa part d'attendre le retour au calme pour venir réclamer la "paternité" de la mobilisation. C'est ainsi que l'ex-parti unique saluait également ses "militants qui étaient à l'avant-garde pour contrecarrer toute tentative visant à porter atteinte à la stabilité et la paix sociale". Dire qu'ils étaient "à l'avant-garde", c'est, pour le moins, osé. Mehdi Mehenni