La tournure déplorable qu'a prise le mouvement de grève des commerçants a été largement commentée par les acteurs politiques et de la société civile de Béjaïa, soit sur les réseaux sociaux, soit à travers des déclarations rendues publiques hier. Ainsi, le slogan "Non à la violence" a été largement partagé par des milliers d'internautes qui ont condamné ces actes de violence et de saccage. Le bureau du RCD de Béjaïa a rendu public un communiqué dans lequel il a dénoncé "les dépassements, les violences, les émeutes, les scènes de saccage, de vandalisme et de pillage qu'ont connus hier certaines communes de la wilaya". Pour le parti de Mohcine Bellabas, il s'agit là d'actes "prémédités et orchestrés par certains cercles proches du pouvoir ; ces mêmes cercles qui ont lancé des appels anonymes à une grève générale de 5 jours des commerçants". Et devant cette violence, le président du bureau du RCD, Mouloud Debboub, a indiqué : "Nous sommes contre ces violences, contre l'anarchie et contre le chaos qui n'arrangent que le pouvoir, ses relais et sa clientèle au niveau local. Nous sommes pour toutes formes de revendication et de protestation pacifiques, identifiées et organisées. Nous sommes pour une transition démocratique, pacifique et négociée." Même ton du bureau du parti à Tiaret, qui a connu des émeutes, avant-hier soir, qui a dénoncé la violente manifestation. "Si les heurts ont été limités, c'est parce que la police a maîtrisé la situation, mais nous constatons malheureusement qu'aucune organisation ou formation politique ne s'est manifestée pour calmer les esprits ou condamner cette action qui va à l'encontre des principes républicains", a déclaré son président O. Khaled. Par ailleurs, dans un communiqué, la section du RCD appelle la population à plus de vigilance et au calme, tout en réaffirmant que seul un cadre pacifique et serein serait en mesure de faire aboutir des revendications citoyennes légitimes. Par ailleurs, le premier secrétaire fédéral du FFS à Béjaïa, Rachid Chabati, a rendu public un communiqué dans lequel il dit suivre avec beaucoup d'attention l'évolution de cette situation porteuse de risques de développement chaotique, ainsi que les tentatives de faire basculer la wilaya dans la violence. Aussi, le FFS a appelé la population, notamment les jeunes, "à la vigilance pour déjouer les manœuvres des apprentis sorciers". Pour Saïd Salhi, vice-président de la Laddh, qui réagissait aussi à ces événements, "aujourd'hui, la société est face à une réalité amère et dangereuse". Pour lui, les émeutiers, auteurs notamment d'actes de pillage et de saccage, sont "des jeunes mal encadrés, non structurés et dépolitisés". Et d'interpeller le pouvoir politique pour "méditer et réfléchir longuement sur son attitude et son rapport avec la société civile". Il plaidera pour "un travail de sensibilisation et de médiation" lors de ces situations de crise. Pour sa part, le Rassemblement action jeunesse (RAJ), estime que ces émeutes et manifestations, qui prennent de l'ampleur ces derniers temps sur tout le territoire national, sont un indice d'une crise profonde et multidimensionnelle que vit l'Algérie. Mais aussi de l'incapacité des pouvoirs publics à apporter des solutions concrètes aux problèmes que vivent les Algériens depuis des décennies. L'expression de désarroi et de violence est aussi le résultat de l'absence de canaux de dialogue et de communication et de l'étouffement des outils de médiation à travers des lois qui restreignent la liberté d'expression, d'organisation et d'association en l'occurrence la loi 12-06 sur les associations. Enfin, l'Association des parents de victimes et blessés du 5 Octobre 1988 à Béjaïa a rendu publique une déclaration dans laquelle elle appelle les manifestants à faire preuve de maturité, à bannir la violence et à éviter de servir d'autres desseins que ceux liés aux aspirations du peuple algérien à la démocratie, à la liberté et à la justice sociale. M. O./R. S.