Le parti Talaie El-Houriat rendra son "verdict" final aujourd'hui, lors de la session de son comité central, sur sa participation ou non aux prochaines élections législatives. Bien qu'il ait décidé de laisser le choix aux cadres de son parti et à la base de se prononcer, le parti de Benflis semble se diriger tout droit vers le boycott de ces élections comme semble l'indiquer le contenu du rapport "politique" préparé par le secrétariat national chargé de la prospective, des études et de la formation qui sera présenté aujourd'hui aux membres du comité central. Un rapport de par ses vives critiques et le tableau noir qu'il dresse sur la légitimité des institutions et des élections est beaucoup plus destiné à convaincre le courant composé de nombreux cadres, mais surtout de militants de la base, qui continuent à plaider pour la participation par crainte de provoquer une démobilisation des militants du parti et faire courir le risque de sa mise à mort. Ainsi, si la position du boycott est largement partagée au niveau des cadres de la direction, ce n'est pas le cas au niveau de la base où de nombreux cadres interrogés sont pour la participation et se disent capables de damer le pion aux autres partis, même à ceux de la majorité. "Pourquoi boycotter dès lors que tous les partis participent, même ceux qui n'ont aucun ancrage, contrairement à notre parti qui est bien structuré au niveau de toutes les wilayas", affirme un cadre de la wilaya d'Alger qui appréhende un départ massif des militants du parti vers d'autres formations politiques en cas de boycott. Ainsi, la réunion d'aujourd'hui du comité central est déterminante pour la cohésion de cette jeune formation, même si Ali Benflis a pris les devants pour tenter de consoler les récalcitrants en leur promettant que sa formation prendra part aux élections locales. Selon certains cadres du parti, la position du boycott trouve son explication dans la loi électorale qui rend difficile une participation à une échéance électorale dans un délai aussi court. "Le travail sera épuisant avec la collecte des signatures et la logistique nécessaire appelée à être déployée en pareille circonstance, et qu'on va une nouvelle fois déployer quelques mois seulement lors des élections locales", affirme un autre cadre du parti. Ce sont des problèmes beaucoup plus techniques qui sont mis en exergue par certains militants pour afficher leur position de boycott alors que d'autres évoquent des considérations politiques, à commencer par le premier responsable du parti qui ne considère pas les législatives prochaines comme une priorité en prônant une transition pour un retour à la légitimité des urnes. L'ex-chef de gouvernement continue à légitimer ce boycott par "le rejet du pouvoir des revendications de l'opposition avec notamment la promulgation d'une loi électorale controversée et la mise en place d'une nouvelle instance de surveillance des élections qui consacre le retour au parti unique". Ali Benflis est allé plus loin en affirmant récemment que la fraude électorale sera encore présente à ces élections. "La messe est dite et les jeux sont faits. Le système politique en place répète ses mauvais choix et poursuit sa fuite en avant", avait-il précisé. M. T.