La participation aux prochaines élections législatives est en train de l'emporter sur l'option du boycott. Beaucoup de partis ont tranché et se préparent déjà pour la compétition électorale. C'est le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui a annoncé, en septembre dernier, le premier sa participation, suivi par le Mouvement de la société pour la paix (MSP). Cette semaine, c'est le Front des forces socialistes qui a décidé de se jeter dans la bataille dans un contexte de crise, après la radiation des membres de son présidium, en l'occurrence le docteur Rachid Halet. Si pour le parti du Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND), ainsi que les partis qui gravitent autour du soutien au chef de l'Etat lors des deux dernières élections présidentielles, la participation aux prochaines législatives est une évidence, pour les deux partis de l'opposition, elle a été une surprise. Chacun est parti de sa propre appréciation du contexte politique du pays et surtout de sa situation au plan organique. Le RCD a affirmé que les législatives lui permettront d'«avoir plus de visibilité afin d'agir mieux» sur la scène politique et lui ouvrent «les possibilités de faire avancer son combat et de renforcer ses instances et son influence dans la société». Le FFS parle d'une décision politique qui s'inscrit «dans une dynamique de construction d'un consensus national». Donc hormis Jil Jadid de Soufiane Djilali qui s'est prononcé clairement pour le boycott la prochaine échéance électorale, la tendance est à la participation. Tous les partis islamistes y prendront part. Du MSP jusqu'au Parti justice et développement de Abdallah Djaballah, qui vient de fusionner avec son ancienne formation politique, Ennahdha. Les seuls partis qui n'ont pas encore tranché entre la participation et le boycott, ce sont Talaie El Houriat dont le président est l'ancien candidat à l'élection présidentielle de 2014, et le Parti des travailleurs dirigé par Louisa Hanoune. Mais leur choix ne tardera pas à tomber. Le premier prendra sa décision lors de la réunion de son comité central, le 7 janvier prochain. Même si Ali Benflis a fait l'annonce lors de sa dernière conférence de presse en faveur de la non-participation — en soutenant que «seulement la volonté de la machine politico-administrative sortira des urnes» —, le dernier mot reviendra à la base militante du parti partagée entre l'option du boycott et la participation. Quant au PT, on ignore toujours son calendrier et le moment qu'il choisira pour annoncer sa décision. Louisa Hanoune, qui n'a pas cessé de demander des garanties quant à la régularité du scrutin, ne serait pas dans l'optique de militer pour le boycott des législatives. Donc, hormis la décision tranchée de Jil Jadid, qui a déclaré ne pas participer à ces élections, et Talaie El Houriat et le PT qui ne se sont pas encore exprimés sur le sujet, la majeure partie de la classe politique a opté pour la participation. Restent maintenant les incertitudes exprimées par les uns et les autres sur le doute quant à la régularité des prochaines législatives et les conditions dans lesquelles elles se dérouleront. Dans un communiqué rendu public avant-hier, le RCD soupçonne déjà une volonté de frauder. Le parti de Mohcine Belabbas a parlé de «velléités de constituer des réservoirs de voix, en utilisant des listes transmises par l'armée et les services de sécurité, dans différentes régions du pays sont avérées». Selon lui, ces voix «serviront à gratifier des acteurs politiques adoubés par des chapelles».