L'impasse à laquelle ont abouti les négociations entre le PJD et le RNI a poussé le patron du parti islamiste à annoncer la reconduction de l'ancienne coalition dans la nouvelle équipe gouvernementale. Mais cela est loin de sortir le Maroc du blocage politique. Les différends entre le Parti de la justice et du développement (PJD) de Abdelilah Benkirane, le chef du gouvernement reconduit par Mohammed VI, et le Rassemblement national des indépendants (RNI) de Aziz Akhannouch, auxquels s'est greffée la crise de l'Istiqlal, suite aux déclarations intempestives de Hamid Chabat sur la Mauritanie, qu'il a qualifiée de "terre marocaine", empêchent le nouveau gouvernement de voir le jour. Même les remarques du roi à accélérer la formation de ce cabinet lors d'une rencontre entre Abdelilah Benkirane et les deux conseillers du roi Omar Khabbaj et Abdelatif Mennouni ne semblent pas avoir boosté les discussions entre les partis. Selon les médias marocains, ces derniers se sont chargés de faire part du "souci du roi de voir le nouveau gouvernement se former dans les meilleurs délais". Il n'en demeure pas moins que l'on est toujours au point mort et l'évolution des tractations ne semble pas aller dans le bon sens, si l'on en juge par la menace d'Abdelilah Benkirane de jeter l'éponge. Selon le quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum, connu pour être proche du PJD, Abdelilah Benkirane aurait même rédigé sa démission en attendant de la signer et de l'officialiser si jamais les blocages persistent. L'impasse à laquelle ont abouti les négociations entre le PJD et le RNI a poussé le patron du parti islamiste à annoncer la reconduction de l'ancienne coalition, qui composait le gouvernement sortant, mettant donc hors course l'Istiqlal, devenu indésirable après le tollé provoqué par les propos de Hamid Chabat sur la Mauritanie. Ce raidissement dans les positions de ces deux partis, importants dans la coalition, serait motivé par l'entêtement du chef de gouvernement sortant. Selon le média marocain Médias24, Abdelilah Benkirane aurait fixé sa position en affirmant : "Voici mes conditions, c'est à prendre ou à laisser. Et si vous ne prenez pas, c'est que vous êtes contre la démocratie, contre les urnes et pour tout dire, vous n'êtes pas quelqu'un de bien." Il va sans dire que cela risque de faire durer davantage le suspense. Maintenant, ce ne sont pas des semaines que les Marocains attendront pour voir leur nouveau gouvernement composé, mais des mois. Il faut croire que les derniers développements dans les discussions entre Benkirane et Akhannouch, qui se sont transformées en de véritables guerres de communiqués, n'arrangent guère la situation qui s'est compliquée lorsque le chef du parti RNI s'est contenté de rendre public un communiqué indiquant qu'il avait pris connaissance des positions des partis et qu'il attendait les résultats des rencontres avec les formations politiques. Abdelilah Benkirane, qui attendait une réponse directe à ses propositions, n'a point apprécié cette manière de faire, comme l'indique sa déclaration : "Je ne réponds pas aux communiqué. J'attends une réponse directe", ne fait que compliquer les rapports entre les deux parties. Il faudrait peut-être que le roi Mohammed VI perde patience une nouvelle fois pour que les chefs du PJD et du RNI mettent de côté leur ego, afin que ,le Maroc soit doté d'un nouveau gouvernement. Merzak Tigrine