Les deux partis de l'opposition démocratique, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Front des forces socialistes (FFS), ainsi que la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) viennent de constituer deux collectifs d'avocats devant assurer gracieusement la défense des personnes arrêtées "arbitrairement" ou à titre préventif par les services de sécurité, à Béjaïa, lors des émeutes ayant émaillé, la semaine dernière, le mouvement de grève générale déclenché par les commerçants de la région. La représentation du RCD de Béjaïa a chargé ses deux avocats, Mes Nora Ouali et Djamel Benyoub, tous deux élus à l'APW de Béjaïa, de prêter assistance aux personnes arrêtées "arbitrairement", en assurant bénévolement leur défense auprès des différentes juridictions de la wilaya. "Nous sommes disposés à aider, orienter et défendre tout individu n'ayant pas été impliqué dans des actes de pillage ou de violence", nous a assuré Me Benyoub, secrétaire national chargé aux affaires juridiques au sein du RCD. Le FFS a fait de même. Selon le premier secrétaire fédéral du FFS à Béjaïa, Rachid Chabati, son parti a déjà constitué un collectif de trois avocats pour porter aide et assistance juridiques aux familles de manifestants interpellés dans le sillage des derniers troubles qu'a connus la wilaya de Béjaïa. "Notre conseil fédéral, réuni en session extraordinaire, le samedi 7 janvier dernier, a décidé de mettre en place un collectif d'avocats pour suivre le dossier des personnes injustement arrêtées et d'intensifier les rencontres de débats publics pour sensibiliser la population sur les enjeux de l'heure", a-t-il indiqué. Dans la résolution du dernier conseil fédéral du parti, le FFS de Béjaïa "exige la libération immédiate et inconditionnelle des personnes injustement arrêtées lors de ces événements" et "met en garde le pouvoir quant à d'éventuels dérapages". Pour l'instance régionale du FFS, "le pouvoir en place a, depuis toujours, eu recours à la violence comme mode de gestion pour étouffer tout mouvement pacifique afin d'empêcher l'organisation de la société". Pour sa part, la Laddh a, elle aussi, mobilisé ses avocats pour la circonstance. Selon son vice-président, Saïd Salhi, le tribunal d'Akbou a eu à prononcer, entre jeudi et dimanche derniers, des peines de six mois de prison avec sursis et des amendes allant de 100 000 à 200 000 DA, à l'encontre de pas moins de 11 manifestants arrêtés lors des émeutes ayant secoué la haute vallée de la Soummam. Selon notre interlocuteur, la même juridiction, qui siégeait jusqu'à une heure tardive de la nuit, a également relaxé un mineur, interpellé par la police en plein centre-ville d'Akbou. À noter que de nombreux autres mineurs appréhendés par les forces de l'ordre au chef-lieu de wilaya devraient être jugés, aujourd'hui, par le tribunal de Béjaïa. Les manifestants arrêtés la semaine passée vont répondre de plusieurs chefs d'inculpation, dont "attroupement illégal", "destruction de biens d'autrui", "coups et blessures volontaires", "atteinte à l'ordre public". Rappelons que suite à un appel anonyme posté sur les réseaux sociaux appelant à une grève générale à partir du 2 janvier, les commerçants de la wilaya de Béjaïa, chef-lieu et les différentes localités, ont déclenché un mouvement de grève. Mais le baisser de rideau, action voulue pacifique, connaîtra vite une greffe indésirable : l'émeute violente. Durant deux jours, des jeunes se sont adonnés à des actes de violences et de saccages indistinctement des biens publics et privés. Il aura fallu la répétition des appels au calme de la part de la classe politique et de la société civile pour que la tension baisse et que la wilaya retrouve sa sérénité. KAMAL OUHNIA