Harcelé par les accusations, Ahmed Boumehdi, membre du bureau politique du FLN, quittera précipitamment la salle de conférences. Son geste sera imité par les mouhafedhs de Bouira et de Lakhdaria qui ont, eux aussi, fui l'ambiance tendue. Le Front de libération nationale (FLN) man-que de sérénité, à l'approche du scrutin législatif. Djamel Ould Abbes, coopté secrétaire général du parti pour en finir avec les extravagances politiques du sulfureux Amar Saâdani, peine à faire régner l'ordre. Sa gestion commence à être contestée bruyamment, notamment par la base militante. C'est, en tout cas, ce qui a été relevé jeudi à Bouira où le parti s'est, une nouvelle fois, donné en spectacle, lors d'une réunion de préparation des prochaines élections législatives, présidée par Ahmed Boumehdi, membre du bureau politique (BP), laquelle s'est tenue à la maison de jeunes M'hamed-Issiakhem, et qui a failli tourné au pugilat. Tout a commencé avec l'intervention de Farid Boukrif, un élu de la région de M'chedallah, qui a évoqué ce qu'il a appelé les "kasmas parallèles", des structures qui ne seraient pas officiellement et formellement installées mais sur lesquelles la direction du FLN s'appuierait. L'intervenant a interpellé le responsable sur un ton on ne peut plus accusateur : "M. Boumehdi, on souhaiterait en savoir davantage sur ces kasmas parallèles et leur rôle lors des prochaines élections." Le membre du BP, visiblement agacé par une telle sortie, niera l'existence de ces structures en affirmant qu'"aucune kasma officieuse n'est répertoriée ou tolérée au sein de notre parti". Une réponse qui ne convainc pas grand monde dans la salle. Des voix se sont élevées pour contester les affirmations d'Ahmed Boumehdi. "Il existe bel et bien des kasmas parallèles et vous les connaissez ! Les véritables militants du FLN ont été écartés et marginalisés !", lancera un militant et ancien élu à l'APC de Sour El-Ghozlane. D'autres militants, après lui, n'ont pas hésité à qualifier le FLN actuel de société par actions (SPA), dont les actionnaires seraient, selon les frondeurs, des "parasites". Le même militant de Sour El-Ghozlane lancera à haute et intelligible voix : "Le temps de la chkara (corruption, ndlr) est loin d'être révolu à Bouira. Il est toujours d'actualité et vous, M. Boumehdi, vous le cautionnez!". Une accusation qui ajoutera à la tension qui a régné durant la rencontre et dictera à l'hôte du jour de Bouira de quitter la salle en urgence. Les mouhafedhs de Bouira et de Lakhdaria qui ont assisté impuissants à cette "révolte" de la base, n'ont pas su comment gérer la situation et ont fini, eux aussi, par quitter les lieux par une porte dérobée. Conséquence, la commission de wilaya du recueil des candidatures pour les élections législatives n'a pas été installée. À la sortie de la rencontre, certains militants ont confié qu'ils trouvent justifiés les dires de Hocine Khaldoune — démis de ses fonctions au sein du parti — qui accuse l'actuel secrétaire général du FLN de vouloir "humilier et mépriser" les cadres du parti. "Khaldoune a raison. Ils veulent nous humilier et nous marginaliser. On voit clair dans leur jeu !", s'est insurgé un élu d'El-Hachimia. Cette contestation organique que la base militante mène un peu partout risque de peser négativement sur le rendement électoral du FLN. Elle renseigne en tout cas sur le peu d'impact sur la base militante du discours de la direction du FLN qui insiste notamment sur la fin de la chkara. RAMDANE B.