La nouvelle sensation jazz-pop, Damn'co, a donné son premier concert avant-hier à la salle Ibn-Zeydoun (Oref) en présence d'un public nombreux venu découvrir le jazz résolument moderne de ses six talentueux musiciens. Le coup d'envoi de ce spectacle exceptionnel, qui aura duré près de deux heures, a été donné par son charismatique leader, Damien Schmitt, musicien et artiste, ayant déjà collaboré avec, entre autres, Jean-Jaques Goldmann, Yanick Noah, ou encore, le guitariste australien et lauréat d'un "Grammy Award", Frank Gambale. Avant de présenter tour à tour les musiciens qui brilleront par leur virtuosité et leur vélocité durant tout le concert, Schmitt offre au public un solo de batterie annonçant déjà la couleur ; talent, énergie et humour seront au rendez-vous tout au long du show. Le survolté Nicholas Vella au clavier, clavinet et talk-box, le surdoué Stéphane Edouard aux percussions, le virtuose Yann Negrit à la guitare électrique, l'efficace Michel Alibo à la basse et en dernier, mais non des moindres, Michael Lecoq au clavier et vocoder feront frémir l'assistance à travers les morceaux de leur album From Paris with love, un disque conceptualisé à la manière d'une balade dans la ville des lumières, où chaque titre renvoie à un quartier précis, source des influences hétéroclite des musiciens, comme le jazz, le funk, et même le heavy metal. Le titre éponyme From Paris with love, composé par Schmitt et Lecoq, est une balade musicale "pleine de nostalgie et d'énergie, qui rappelle qu'à Paris, l'amour et la fête seront toujours au rendez-vous". La basse de Michel Aliba fait son show sur ce morceau, accompagnée par le coup de baguette endiablé de Schmitt, les musiciens se lâchent et les spectateurs en redemandent. Barbès, deuxième titre que le groupe fait découvrir à l'assistance, reflète, autant par son thème que par ses sonorités, la diversité culturelle et raciale de ce quartier, où cohabitent plusieurs communautés. Les rythmes tantôt saccadés, tantôt plus ondoyants de Vella, Negrit et Lecoq, procurent un caractère unique à ce morceau, oscillant entre jazz, rock et électro. 18ème arrondissement, titre pour lequel le leader invitera le public à danser, débute, à la différence de ses prédécesseurs, par une cadence assez légère, avec la basse et le clavier, avant de monter crescendo en intensité grâce à la guitare électrique, relayée par la batterie survoltée de Schmitt et les sonorités orientales du clavier de Lecoq qui se mettra à jouer quelques notes avec sa bouche, sous le tonnerre d'applaudissements des spectateurs. Encouragé par son public, le musicien quitte la scène pour se rapprocher de l'assistance, en invitant un spectateur, visiblement envoûté par cette musique, à danser. Quelques instants plus tard, c'est l'intro de Alaoui de l'Orchestre national de Barbès (ONB) qui retentit à la salle Ibn-Zeydoun, c'est alors l'effervescence dans le public, les spectateurs envahissent la fosse, jeunes et moins jeunes se lâchent. Après ce grand moment de symbiose entre le public et les musiciens, Negrit, dans un solo de guitare frénétique, démontre tout l'étendu de son talent et ses capacités artistiques hors normes, capable de passer d'un rock magnétisant à du néo-classique, en mettant en œuvre de nombreuses techniques. Le guitariste pose alors son instrument à même le sol avant de quitter la scène. La formation revient quelques instants après, vêtue de longues capes noires, rappelant celles des seigneurs Sith dans Star Wars, le leader dégaine alors un sabre-laser en référence, tandis les autres membres soulèvent la guitare, Schmitt, dans un geste symbolique, "baptise" l'instrument. Cette mise en scène, en apparence drôle, symbolise en fait le thème du morceau suivant, Catacombs, fort de ses influences jazzy et rock, voire heavy metal, renvoyant aux sous-sols de Paris, un endroit sombre et mystérieux, lieu des messes noires et autres rituels occultes. Autre moment fort du spectacle, l'époustouflant duel entre le batteur et le percussionniste qui captivera l'assistance 15 minutes durant. Interrogé après la fin du concert sur ses impressions du public algérois, Damien Schmitt confie avoir été "troublé" : "Même le public parisien, qui est blasé, reste assez réceptif, mais j'avoue que nous avons rarement joué comme ça grâce à l'énergie du public qui était extraordinaire." Yasmine Azzouz