Les importations gazières de l'Italie en provenance d'Algérie ont plus que doublé au cours de l'année dernière, relève Armelle Lecarpentier, économiste à l'IFP énergie nouvelles, dans un panorama sur les "tendances à court terme de l'industrie gazière". Armelle Lecarpentier constate une "forte augmentation des livraisons par gazoducs en Europe, aussi bien en provenance d'Algérie (vers l'Italie et l'Espagne) que de la Russie". Les exportations de Gazprom vers l'Europe ont bondi de 12% sur la période de janvier à novembre et vont atteindre un nouveau record en 2016. L'année dernière, le commerce international par gazoducs connaît une forte expansion pour la deuxième année consécutive. Les estimations provisoires de Cedigaz font état d'une augmentation de 3,5% au niveau mondial. Par ailleurs, après une progression de 2,8% en 2015, le commerce international de GNL a montré une nette accélération l'année dernière, estimée à 5,5% d'après Cedigaz, ce qui représente un volume additionnel de 17 Gm3. Le démarrage et la montée en régime des projets australiens sont à l'origine de plus de 70% de l'offre additionnelle de GNL en 2016. Armelle Lecarpentier mentionne, également, l'arrivée sur le marché du premier projet américain d'exportation de GNL, Sabine Pass, qui a exporté plus de 3 Gm3 entre février et octobre 2016, dont plus de la moitié vers l'Amérique latine. Selon cette économiste, l'année 2016 confirme le ralentissement de la croissance de la demande gazière observé depuis 2012. Malgré la faiblesse des prix du gaz, la croissance gazière est limitée par une forte expansion des renouvelables, les progrès en matière d'efficacité énergétique et le ralentissement économique de certains pays. La mise sur le marché d'une offre excédentaire de GNL a favorisé la baisse des prix du gaz dont bénéficient les pays émergents. Ces derniers apparaissent comme le principal moteur de l'expansion future de la demande gazière. "Les estimations provisoires de Cedigaz pour l'année 2016 indiquent un tassement de la croissance de la production gazière mondiale qui s'explique en grande partie par la situation de l'industrie américaine", indique le document publié par l'Institut français du pétrole (IFP) énergies nouvelles. Beaucoup de projets d'exploration et de production ont été retardés, voire annulés, dans un environnement économique défavorable caractérisé par des prix bas, une offre excédentaire et un manque de débouchés. "Si cette tendance se poursuivait, des tensions sur l'approvisionnement pourraient se faire sentir dès le début de la prochaine décennie", prévoit Armelle Lecarpentier, indiquant que la faiblesse des prix du pétrole et du gaz a conduit à une baisse drastique des forages et à la fermeture de nombreux puits non rentables sur les trois premiers trimestres, malgré les efforts entrepris par l'industrie pour réduire de manière substantielle les coûts de production. Le document évoque un redressement de la production gazière en Algérie. En 2015, souligne le document de l'IFP, les réserves prouvées de gaz naturel ont baissé de 1,8%, s'établissant à 196,2 Tm3 au 1er janvier 2016. La plus forte baisse a été enregistrée en Amérique du Nord, où les compagnies ont révisé leurs réserves face à la faiblesse des prix. "L'Afrique enregistre également une baisse significative consécutive à une révision à la baisse des réserves en Algérie", relève le document, soulignant que trois pays possèdent plus de la moitié des réserves mondiales : la Russie, l'Iran et le Qatar. Evoquant les perspectives, Armelle Lecarpentier prévoit une croissance modérée de la demande gazière à court et à moyen termes. La croissance de la demande gazière globale dans les cinq prochaines années devrait rester nettement inférieure à celle enregistrée sur la décennie passée. Selon les perspectives de Cedigaz, une croissance de l'ordre de 1 à 1,5%/an est envisageable. Pour l'économiste à l'IFP énergie nouvelles, le GNL restera l'option de choix pour assurer l'expansion gazière. M. R.