Le contexte économique, financier et commercial international, marqué par la "guerre des monnaies" entre les plus grandes puissances mondiales (Chine, Etats-Unis, Japon, Europe), remet au goût du jour les questionnements autour de la dépréciation et/ou de la réévaluation du dinar. Cette problématique est toujours d'actualité, d'autant que l'entrée en vigueur de la nouvelle LFC ainsi que les dévaluations successives du dinar impacteront négativement le pouvoir d'achat de la monnaie nationale. Le dinar et ses subdivisions en centimes ne valent plus rien. Les commerçants, souvent à leur décharge, arrondissent vers le haut les prix de leurs produits, ou proposent un "bonbon" pour compenser la perte du client, parce que la petite monnaie perd toute sa valeur marchande. Les décisions de la Banque d'Algérie d'enclencher un processus de dépréciation du dinar ont donné lieu à une controverse entre les différents acteurs économiques et financiers. Les experts sont également partagés sur l'interprétation de ces mesures ainsi que leur impact, à la fois sur les entreprises de production en termes de réduction des importations des intrants nécessaires à leurs activités, et sur le pouvoir d'achat des ménages en termes de poussée inflationniste liée au renchérissement des prix des produits importés. L'on se souvient du "niet" catégorique des autorités algériennes, arguant de l'impact inflationniste d'une telle hypothèse, compte tenu de la faiblesse de la production nationale, du manque de compétitivité de nos entreprises et des possibles fuites importantes de capitaux vers l'extérieur. À l'évidence, l'insuffisance de l'offre en produits fabriqués localement a été nécessairement compensée par des importations massives. Ce qui demeure le cas actuellement. Entre-temps, l'évolution des relations économiques et financières internationales ainsi que l'instabilité du marché mondial de l'énergie ont rendu la question plus complexe. En 2008 déjà, avec la survenue de la crise financière générée par les "subprimes" et la question de la dette souveraine ainsi que l'enlisement de la zone euro, c'est en fait toute l'économie mondiale qui est entrée dans une crise structurelle dont personne ne peut prévoir la durabilité. S'agissant de la monnaie nationale, il faut rappeler que depuis son émission en 1964, à parité égale avec le franc français de l'époque, et jusqu'en 1973 (1 DA = 1 FF), le dinar algérien a connu plusieurs dévaluations. Ainsi, en 1974, avec l'effondrement du système de Bretton-Woods, la valeur du dinar a été fixée selon un panel de quatorze monnaies. Dans les années 80-90, plus exactement, de 1986 à 1990, période du contre-choc pétrolier, avec la chute drastique de nos recettes liées à la commercialisation des hydrocarbures, la monnaie nationale a connu une très forte dépréciation, passant de 4,82 DA contre 1 dollar à 12,19 DA contre 1 dollar. Soit une dévaluation de plus de 150%. Les dévaluations du dinar vont se succéder (22% en 1991) et (40% en 1995) par rapport au dollar américain. Ces dévaluations en cascade se voulaient un ajustement progressif du dinar à sa valeur réelle en vue de préparer sa convertibilité commerciale. La dernière mesure de la Banque d'Algérie accentue le glissement du dinar, avec un taux de change de 1 dollar contre 100 DA et 1 euro contre 107 DA. Le change parallèle suit cette tendance haussière en dépassant la barre des 170 DA contre 1 euro. Largement toléré par les autorités, le change parallèle, aussi "scandaleux" et incompréhensible qu'il paraît, est, dans les faits, un moyen de mesure de la valeur réelle du dinar, en fonction des fluctuations de l'offre et de la demande au niveau du marché des devises. En vérité, bien que cette situation pénalise sévèrement le pouvoir d'achat des Algériens, notamment celui des catégories sociales les plus vulnérables, il paraît "antiéconomique" de conférer au dinar une valeur "administrative" sans contrepartie de création de richesses réelles. Par ailleurs, une convertibilité totale du dinar, ou même une revalorisation relative peut, effectivement, ne pas présenter d'avantages particuliers pour le pays, d'autant qu'elle se traduira inévitablement par une hémorragie de capitaux vers l'extérieur. Cela signifie concrètement un transfert de valeur du peu de richesses que nous créons hors hydrocarbures. Relancer la croissance et lutter contre les pratiques spéculatives du secteur informel constituent la seule et unique alternative. Mais faut-il pour autant que la volonté politique existe. A. H.