Le groupe de seize experts, désigné par le secrétaire général des Nations unies le 4 novembre 2003, a rendu ses conclusions. Il est temps de les mettre en œuvre pour une meilleure efficacité de l'institution. Créée sur les cendres de la Société des nations en avril 1945, l'Organisation des Nations unies a besoin d'un bon “toilettage” de ses structures pour s'adapter aux exigences du temps moderne. Le secrétaire général de l'organisation dévoilera aujourd'hui les recommandations auxquelles ont abouti les experts. Les développements qu'a connus la scène internationale ont rendu l'ONU incapable de répondre aux attentes de ses membres. Les évènements du 11 septembre 2001, qui ont ébranlé les Etats-Unis et la communauté internationale, ont mis en évidence l'urgence d'une réforme de cette organisation. Moins de deux mois plus tard, le 4 novembre 2003, le secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan, procède à l'installation du groupe de haut niveau sur les menaces à la sécurité internationale et la réforme du système international. Quinze personnalités connues pour leur expérience et leur compétence en la matière sont mises sous la direction de l'ancien Premier ministre de la Thaïlande, M. Annand Payarachun. La mission consistait à “examiner les principales menaces et les défis auxquels est confrontée la communauté internationale dans le domaine le plus large de la paix et de la sécurité, y compris les questions économiques et sociales qui sont liées à la paix et à la sécurité. Le groupe devait aussi faire des recommandations sur les éléments d'une réponse collective”. Parmi les changements nécessaires à une action collective efficace attendus que ce groupe de travail était censé recommander, figure le réexamen des principaux organes de l'ONU. Le Comité des sages avait fait 101 propositions pour faire face à des défis nombreux et variés : pauvreté, maladies, terrorisme, conflits armés, guerres civiles, prolifération nucléaire, crime organisé et dégradation de l'environnement. Il recommandait, notamment, une réforme du Conseil de sécurité, qui verrait ses membres passer de quinze actuellement à vingt-quatre, pour mieux refléter les réalités du monde d'aujourd'hui. Mais il n'avait pu se mettre d'accord sur un modèle et en avait proposé deux, avec des répartitions différentes des sièges entre membres permanents et temporaires. Plusieurs grands pays sont officiellement candidats à des sièges permanents au Conseil : Allemagne, Brésil, Inde, Japon. L'Union africaine (UA) réclame deux sièges permanents pour l'Afrique, à choisir parmi au moins quatre candidats : Afrique du Sud, Egypte, Kenya, Nigeria. Une réforme du Conseil de sécurité exige un amendement de la Charte de l'Onu. Ceci nécessite un vote des deux tiers des cent quatre-vingt et onze membres de l'Assemblée générale, incluant les cinq membres permanents du Conseil (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie), et une ratification par les parlements nationaux. Le rapport de M. Annan doit également formuler des recommandations pour que le monde parvienne à réaliser les objectifs de développement fixés lors du sommet du Millénaire en 2000. Il y en a huit en tout dont la plupart est à atteindre d'ici à 2015 : réduction de moitié de l'extrême pauvreté, accès de tous à l'éducation primaire, égalité des sexes, réduction de la mortalité infantile, amélioration de la santé maternelle, recul des grandes pandémies (sida, paludisme…), protection de l'environnement et partenariat global de développement. Composition du groupe de haut niveau Président : M. Annand Payarachun, ancien Chef du gouvernement thaïlandais Les 15 autres membres du groupe sont les personnalités suivantes : - M. Robert Badinter (France), membre du Sénat et ancien ministre de la Justice ; - M. Joao Clemente Baena Soares (Brésil), ancien secrétaire général de l'Organisation des Etats américains ; - Mme Gro Harlem Brundtland (Norvège), ancien Premier ministre et ancienne directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ; - Mme Mary Chinery-Hesse (Ghana), vice-présidente de la Commission de la planification du développement national du Ghana et ancienne directrice générale adjointe de l'Organisation internationale du travail (OIT) ; - M. Gareth Evans (Australie), président de International Crisis Group et ancien ministre des Affaires étrangères ; - M. David Hannay (Royaume-Uni) ancien représentant permanent auprès des Nations unies et envoyé spécial de son pays à Chypre ; - M. Enrique Iglesias (Uruguay), président de la Banque interaméricaine de développement ; - M. Amr Moussa (Egypte), secrétaire général de la Ligue des Etats arabes ; - M. Satish Nambiar (Inde), ancien lieutenant-général de l'armée indienne et commandant en chef de la Force des Nations unies enex-Yougoslavie (Forpronu) ; - Mme Sadako Ogata (Japon), ancien haut commissaire pour les réfugiés ; - M. Yevgeny Primakov (Fédération de Russie), ancien Premier ministre ; - M. Qian Qichende (Chine), ancien vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères ; - Mme Nafik Sadiq (Pakistan), ancienne directrice exécutive du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) ; - M. Salim Ahmed Salim (République unie de Tanzanie), ancien secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) ; - M. Brent Scowcroft (Etats-Unis), ancien lieutenant-général des forces aériennes américaines et conseiller au Conseil national de sécurité. K. A.