Le secrétaire général de l'ONU n'a pas évoqué l'envoi d'une commission d'enquête indépendante sur les attentats d'Alger, de même qu'il a récusé les accusations selon lesquelles il travaillerait pour un lobby particulier au sein des Nations unies. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon s'est efforcé hier, à Genève, de calmer le jeu après le rejet par le gouvernement algérien de sa décision de créer une commission d'enquête indépendante sur les attentats du 11 décembre, dont l'un a ciblé le siège du HCR à Hydra. Lors d'une émouvante cérémonie au Palais des nations en hommage aux 18 employés de l'ONU, tués dans un attentat suicide à Alger le 11 décembre dernier, M. Ban Ki-moon a annoncé la formation d'un groupe d'experts indépendants qui feront des recommandations pour améliorer la sécurité du personnel de l'ONU dans le monde. Le patron de l'ONU, qui a affirmé la nécessité pour l'organisation de “prendre des mesures pour améliorer la sécurité (de l'ONU) partout dans le monde”, n'a pas évoqué, lors de cette cérémonie, la création d'une commission d'enquête indépendante sur les attentats du 11 décembre qui ont visé les sièges du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et celui du Conseil constitutionnel à Ben Aknoun. Cette décision lui avait valu une réaction virulente des autorités algériennes, notamment du ministre de l'Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni, qui avait fustigé l'attitude des responsables de l'ONU qui se comportent comme une “fausse vierge effarouchée”. “Nous ne pourrons jamais travailler totalement à l'abri des menaces, et nous ne devrons jamais nous transformer en une forteresse qui nous isolerait de ceux pour qui nous sommes là”, a reconnu hier Ban Ki-moon. “Mais nous devons apprendre à rendre compatible notre mission au service des autres avec la nécessité de notre propre sécurité”, a-t-il ajouté. Le secrétaire général de l'ONU a précisé qu'il était en train “de mettre sur pied un groupe d'experts indépendants pour examiner les questions de sécurité du personnel de l'ONU et de ses locaux”. Dénonçant un “acte brutal et méprisable”, le secrétaire général de l'ONU a rendu hommage aux 18 employés de l'ONU tués par les attentats d'Alger, dont les proches étaient présents à la cérémonie. “Ce sont eux, ainsi que les Algériens innocents qui sont morts avec eux, et non les auteurs des attentats suicide qui sont les vrais martyrs”, a-t-il souligné. “Nos collègues étaient à Alger non pas pour une mission à caractère politique, moins encore pour favoriser les intérêts d'un groupe de nations. (...) Ils étaient là pour aider à construire une vie meilleure pour des hommes, des femmes et des enfants”, a encore dit le secrétaire général de l'ONU. Après avoir dévoilé ce qui reste du drapeau de l'ONU qui flottait sur l'immeuble des Nations unies à Alger, M. Ban Ki-moon a invité les proches des victimes à allumer une bougie au pied des portraits des disparus, dressés sur la scène de la salle où avait lieu la cérémonie d'hommage. Dans un silence seulement rompu par quelques sanglots, le jeune fils d'un employé administratif tué dans l'attentat a ouvert la procession. Selon l'ONU, le responsable de la sécurité de l'ONU à Alger avait officiellement demandé aux autorités algériennes, mais sans succès, un renforcement des mesures de sécurité, peu après les attentats suicide commis à Alger en avril 2007. Une demande qui, selon nos sources, n'existerait pas. R. B.