Ce prénom d'origine arabe fait partie des prénoms construits avec ce que la tradition musulmane appelle les plus peaux noms de Dieu, al-Razzaq "le Pourvoyeur de bienfaits'', dérivé du verbe razaqa ‘'donner, pourvoir, donner en abondance des biens, des faveurs'' en parlant de Dieu. Le prénom est composé de ‘abd ‘'esclave, serviteur'' et al Razzaq, autrement dit : ‘'esclave, serviteur du Pourvoyeur de bienfaits'' (Dieu). Un Abderrazak algérien célèbre est Abderrazzak ibn Hamadouche al-Djaza'ri. Comme sa nisba l'indique, il était originaire de la ville d'Alger, le nom Ḥamadouch est la forme berbérisée du nom d'Ahmad. Après avoir fait ses études dans sa ville natale, il entreprit de faire du commerce. Il se rendit d'abord à La Mecque où il effectua le pèlerinage, puis, il entama un long périple qui lui fit visiter le Moyen-Orient, puis le Maghreb, jusqu'au Maroc. Ces voyages ont fait l'objet d'un ouvrage, Rihla, récits de voyage, un genre littéraire très connu dans le monde islamique, particulièrement au Maghreb où on compte de nombreux récits. Il est d'ailleurs étonnant que son contemporain, l'Algérien al-Wartilânî ne l'ait pas mentionné dans son récit. Ibn Hamadouch fait le récit de toutes les étapes de son périple, au jour le jour. Il évoque les érudits qu'il avait rencontrés, les ouvrages qu'il avait consultés ainsi que les lieux qu'il avait visités. Quand il rentre enfin chez lui, après une longue absence, il est mal accueilli par sa femme : ‘'J'avais gaspillé mon argent, rapporte-t-il, et je ne ramenais rien, elle ignorait tout ce que je ramenais comme connaissance !'' Ibn Hamadouch est aussi connu pour son ouvrage de pharmacologie, Kashf al-rumûz, Révélation des énigmes, traduit en français, par L. Leclerc. C'est un traité de matières médicales, organisée sous la forme d'un dictionnaire : la matière (plante, animal ou drogue) est présentée dans l'ordre alphabétique, avec une définition, des synonymes, une brève description de la matière, ses qualités élémentaires, ses propriétés générales et ses emplois. Le style est dépouillé, l'auteur ne se prévaut d'aucune autorité religieuse (Coran ou hadith), il ne fait aucune place aux croyances superstitieuses. Beaucoup de remèdes qui figurent dans son ouvrage, sont originaux et on relève, dans sa nomenclature, à côté de mots turcs ou persans, des noms d'origine berbère. Ainsi, buzidan, orchis, aderyas, tapsia, aselmun, baie de myrte etc. M. A. Haddadou [email protected]