La récupération et le recyclage des déchets constitueraient un créneau d'investissement économique porteur en Algérie, a affirmé, jeudi dernier, Karim Ouamane, le directeur de l'Agence nationale des déchets (AND), qui a estimé que le marché national des déchets s'élève à 2 milliards de dinars annuellement. Intervenant au forum de la radio locale, le directeur de l'AND a expliqué que l'Algérie produit annuellement 20 millions de tonnes de déchets, toutes catégories confondues, dont 12 millions de tonnes de déchets ménagers et dont 35% sont produits dans 4% du territoire national. La société algérienne étant devenue une société de consommation, a-t-il analysé, les déchets organiques ont connu une nette baisse en passant de 80% durant les années 1980 à 55% actuellement, cédant ainsi la place à l'emballage qui constitue à présent le gros des déchets. Pour l'orateur, la valorisation des déchets, à travers leur récupération puis leur recyclage, étant à peine naissante en Algérie ne fait que rajouter à l'attractivité de ce créneau. Sauf que cela est en même temps contraignant en raison notamment de la mainmise des acteurs de l'informel sur la récupération des déchets, notamment des grandes entreprises comme cela a été souligné par de jeunes promoteurs exerçant dans le domaine et l'insuffisance, voire l'inexistence, du tri sélectif à la source. Sur ce dernier point, les intervenants, lors des débats du forum, ont été unanimes à incriminer l'insuffisance des moyens mis en œuvre par l'Etat à cet effet, et ce, malgré ses promesses, à maintes reprises renouvelées, de venir en aide aux municipalités, aux villages, aux quartiers et aux associations qui manifestent une volonté de se lancer dans le tri sélectif. En ce sens, des intervenants n'ont pas manqué de rappeler d'ailleurs la vaine promesse faite par le ministre des Ressources en eau et de l'Environnement lors de sa dernière visite à Tizi Ouzou. Interrogé sur les résultats de l'expertise effectuée suite à l'éboulement qui a affecté le centre d'enfouissement technique (CET) d'Oued Falli à Tizi Ouzou, le directeur de l'AND a tenté de rassurer en appelant à "ne pas dramatiser la chose" puisque, a-t-il souligné, "la situation est maîtrisée". Reconnaissant, toutefois, la nocivité des lixiviats produits par la décomposition des déchets dans les CET, Karim Ouamane a expliqué que la wilaya de Tizi Ouzou sera incessamment dotée d'une station de traitement mobile de ce liquide qui est à l'origine de toutes les réticences des populations locales à accepter l'implantation des CET dans leurs régions. Samir LESLOUS