Placé sous le haut patronage du président de la République, organisé par le ministère des Moudjahidine et la wilaya de Batna, le centenaire de la naissance du chahid Mostefa Ben Boulaïd s'est déroulé hier dans une ambiance euphorique sur fond de réveil de la "fitna intertribale". Les autorités locales avec leurs invités, tels que Tayeb Zitouni, ministre des Moudjahidine, et d'anciens walis ayant été dans le passé à la tête de la wilaya de Batna, se sont recueillis à Nara (sous-région d'Arris) sur la tombe de Ben Boulaïd. L'occasion d'un rappel de ce que fut le parcours révolutionnaire de cet Aurésien, ancien membre du PPA-MTLD, du CRUA et président de l'Organisation spéciale (OS) chargée de la préparation de l'insurrection nationale. Celle-ci s'est déroulée le 1er Novembre 1954 - une certaine nuit de la Toussaint - quand plusieurs commandos de moudjahidine avaient été missionnés pour mener des attaques dans différentes localités de la wilaya I "Aurès-Némemcha". D'autres attaques similaires ont eu lieu simultanément dans d'autres localités du territoire national. Peu de temps après, il fallait internationaliser cette insurrection et c'est la mission qu'a tenté de mener Ben Boulaïd, qui s'est rendu en Tunisie pour rejoindre la délégation extérieure du FLN au Caire. Mais il sera arrêté lors d'un accrochage près de la frontière tuniso-libyenne (Bengardane). Il a été transféré à Constantine où il a été jugé et condamné. Après avoir purgé quelques mois dans la prison Coudiat de Constantine, Ben Boulaïd et onze moudjahidine s'évadent pour rejoindre le maquis des Aurès. En 1956, Ben Boulaïd sera emporté par l'explosion d'une bombe dissimulée dans un poste-radio piégé et largué par un hélicoptère de l'armée française. Hier, les autorités de la wilaya et leurs invités ont eu à sillonner les localités de Menâa, de Théniet El-Abed et d'Arris pour inaugurer des routes. À Arris, précisément au musée local où une fresque commémorant le centenaire, les autorités ont donné le coup d'envoi d'une caravane d'information et de sensibilisation autour de l'entrepreneuriat féminin dans la wilaya de Batna. Un spectacle "L'Epopée historique" devait être présenté en début de soirée au théâtre régional de Batna. Signalons que cette première journée des festivités de ce centenaire a été partagée entre une "euphorie officielle" et un réveil des velléités de la fitna "intertribale". En effet, la baptisation prévue demain à Fesdis de l'université 2 au nom de Ben Boulaïd a suscité des remous et de vives oppositions. C'est le cas de la famille du chahid Si El-Haouès (Ahmed Benabderrazak Hamouda de M'chounèche) dont le nom avait été retenu officiellement en janvier dernier pour cette baptisation par le ministère de l'Enseignement supérieur qui s'y oppose. Même les gens de Batna trouvent indécente la multitude de baptisations offertes à la seule mémoire de Ben Boulaïd : lycée Ben Boulaïd, Allées Ben Boulaïd, Aéroport Ben Boulaïd... Ali Benbelgacem