A l'initiative de la Fédération nationale des fils de chouhada ( FNFC) de la wilaya de Batna, un hommage particulier a été rendu dernièrement dans la localité de Tifelfel (Ghassira) à la mémoire du colonel Nouaoura Ahmed, ancien militant depuis 1946 du parti du peuple algérien (PPA) et un des maquisards des Aurès de la première heure. Ce chahid de la lutte de Libération nationale fut victime en 1959 à Tunis d'un complot ourdi par les membres du comité de coordination extérieure (C.C.E) visant l'élimination physique de cadres politico-militaires de la Wilaya I historique (Aurès-Nememchas). La cérémonie de célébration de cet hommage a été marquée par une communication intéressante donnée par notre confrère Nedjar Dahmane, chercheur-universitaire en histoire et journaliste professionnel à l'APS de Constantine lequel a présenté à l'assistance certaines réalités historiques de la période de la révolution. Selon Nedjar Dahmane, Nouaoura Ahmed qui avait le grade de colonel a été une victime innocente – comme tant d'autres algériens- d'une condamnation à mort décidée par le CCE à Tunis où il avait été convoqué, jugé puis exécuté tout comme le chahid Lamouri Mohamed. D'après un document de l'organisation des Moudjahidine, Nouaoura Ahmed, né en 1920 dans le douar des Ouled Si Ahmed (Ghassira), a entamé son activité militante au PPA, devenu après la deuxième guerre mondiale «Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques» (MTLD), d'où des pressions qu'il subissait de la part des collaborateurs de l'administration coloniale à Arris, ce qui le poussa à émigrer en France. Il y passera une année durant laquelle il continua à militer dans les rangs patriotiques de la communauté algérienne puis décida de retourner au bled. En 1949, Nouaoura Ahmed fut désigné représentant syndical par les travailleurs de la mine de baryte d'Ichmoul (région d'Arris). Cette représentativité lui permettra parallèlement de servir en secret l'Organisation spéciale (OS), chargée de préparer dans la clandestinité le déclenchement de la lutte de Libération nationale. Nouaoura procurait au front patriotique de la poudre de baryte servant à la fabrication de bombes artisanales. Mais l'administration coloniale qui avait des yeux partout grâce à ses indigènes de collaborateurs, finira par découvrir cette activité secrète et procéda à l'arrestation de Nouaoura puis à son incarcération à la prison de Batna. Nouaoura fut soumis à 8 mois de prison et de tortures et à sa sortie du cachot se retrouva proche collaborateur de Mustapha Ben Boulaïd et un des fers de lance de l'organisation spéciale, contribuant ainsi aux préparatifs du 1er novembre 1954 ou «la nuit de la Toussaint». Nouaoura fut chef du groupe chargé d'attaquer les sièges des administrations coloniales dans la ville d'Arris. Désigné en 1956 parmi la délégation de moudjahidine des Aurès, constituée pour représenter la wilaya I au congrès de la Soummam, Nouaoura et ses camarades ne purent rejoindre le lieu du congrès en raison des difficultés de déplacements engendrées par la guerre. En 1957, Nouaoura devint membre de la direction révolutionnaire de la Wilaya I, chargé notamment des contacts et de l'information puis cadre politique bien que certaines sources – non confirmées encore, semble t-il – évoquent le fait qu'il aurait occupé la fonction de responsable de la Wilaya I en 1959. Nouaoura a pris part à plusieurs combats militaires : El Malouf ( Ouled Mehri/1955), Théniet Amor (1956), Khengat Zidane (1956) et Tazmourth (1957).