Encore tabou, le débat sur les mères célibataires et les enfants nés hors mariage demeure bien timide même si le phénomène prend, chaque année, de l'ampleur. Interpellé sur la question lors de son passage, jeudi dernier, à l'Assemblée populaire nationale (APN), Mounia Meslem, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, a affirmé que "le phénomène des mères célibataires était de la responsabilité de tous, élite, famille et société civile" indiquant à l'occasion que "le nombre d'enfants dans les centres d'accueil à travers 41 wilayas était de 1 237 enfants jusqu'à novembre 2016". Des chiffres loin de refléter la réalité dans la mesure où les associations avancent des statistiques beaucoup plus importantes. Mounia Meslem a certifié, malgré tout, que les centres invoqués "apportent une aide psychologique, sociale et éducative dans le cadre de la politique de l'action sociale et de la solidarité nationale comme le prévoit la Constitution". Il n'en demeure pas moins que la société algérienne ainsi que sa législation ont du mal à assumer ce phénomène qui ne va pas disparaître en pratiquant la politique de l'autruche surtout qu'un grand nombre de femmes est victime de son environnement familial. En ce sens, la ministre rejoint la revendication des associations "d'aller vers plus de protection" en appelant les acteurs concernés "à contribuer à aider les mères célibataires en situation sociale difficile", d'autant, a-t-elle ajouté, que "la plupart d'entre elles ont contracté un mariage coutumier ou sont victimes de violence ou de problèmes familiaux et sociaux". Elles sont pourtant pas moins de "363 mères biologiques" qui ont décidé "de ne pas abandonner leur enfant en 2016" comme le souligne la ministre qui a fait savoir que son secteur "suit le dossier de près pour assurer aide et assistance sociales à ces mères célibataires et tenter de les réintégrer dans la société". Mounia Meslem a rappelé, en outre, "l'étude de terrain réalisée par le secteur de la solidarité nationale, en coordination avec le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) sur la violence infligée aux adolescentes, couronnée par un plan d'action national annoncé en juin 2016". Le plan en question renferme des programmes pédagogiques et de prévention contre la violence sexuelle, ainsi que des programmes de soutien à la formation visant à optimiser les potentialités des spécialistes. Des rencontres de sensibilisation sur le code pénal y sont également prévues, ainsi que la consécration d'espaces de dialogue, d'écoute et d'orientation pour la réinsertion sociale de toutes les catégories vulnérables et les victimes de violence, les mères célibataires en particulier. Nabila Saïdoun