Interrogé sur le renvoi de l'affaire devant un tribunal criminel, Me Dabouz estime qu'il peut y avoir "une requalification des faits". Plus explicite, il a souligné qu'on "peut se retrouver avec des accusations portées contre certains détenus et pas contre d'autres". Emprisonnés depuis près de deux ans, les détenus de Ghardaïa ont vu leur affaire enrôlée, hier, devant la chambre d'accusation avant d'être renvoyée devant le tribunal criminel. En présence d'un collectif d'avocats composé, notamment, de Mes Dabouz, Bouchachi, Ahmine, Abtout, Badi Oubekka et Mellah, la chambre d'accusation a, finalement, décidé de renvoyer l'affaire devant le tribunal criminel. Selon le collectif d'avocats constitué pour défendre le Dr Kameleddine Fekhar et ses codétenus, les plaidoyers ont porté sur l'aspect juridique "où plusieurs irrégularités ont été constatées dans l'affaire", et ce, jusque dans son volet politique. Me Salah Dabouz a expliqué que les irrégularités constatées "concernent l'affaire depuis la décision de l'arrestation de ces citoyens jusqu'à son enrôlement devant la chambre d'accusation". Il a ajouté lors des plaidoyers des avocats que "des faits très graves ont été constatés". Pour le volet politique, l'avocat a informé que le collectif a tenu à souligner le caractère politique de l'affaire et à relever "la manipulation" politique qui s'est greffée à cette affaire. "Nous avons relevé le fait que l'Exécutif pèse de tout son poids pour influencer la justice dans la prise de décision", a dit Me Dabouz, précisant que le collectif a mis en avant "la manipulation des services de sécurité par l'Exécutif". Interrogé sur le renvoi de l'affaire devant un tribunal criminel, l'avocat pense qu'il peut y avoir "une requalification des faits". Plus explicite, il a souligné qu'"on peut se retrouver avec des accusations portées contre certains détenus et pas contre d'autres". Me Dabouz pense aussi que la célérité avec laquelle l'affaire a été enrôlée, puis renvoyée devant le tribunal criminel, dénote que l'affaire "dérange au sommet de l'Etat", ajoutant que le collectif d'avocats s'attend d'ores et déjà "à un jugement rapide", que l'Exécutif "utilisera comme réponse à l'opinion internationale qui commence à s'intéresser à cette affaire". Pour rappel, le Dr Kameleddine Fekhar est en grève de la faim depuis le 3 janvier écoulé. Il dénonce son arrestation et celle de plusieurs autres citoyens de la vallée du M'zab. D'autres détenus dans le cadre de la même affaire ont entamé, à plusieurs reprises, des grèves de la faim pour exiger leur libération. Ils sont à leur 19e mois de détention sans jugement. Mohamed Mouloudj