Le président du RCD, Mohcine Belabbas, invité hier du forum "El-Hiwar", a qualifié la proposition d'"étrange" doublée d'un "chantage qui ne dit pas son nom (...)" ou encore "d'aliénation grave". C'est totalement inédit. L'antécédent est d'une gravité telle que la Haute commission indépendante de surveillance des élections et, à sa suite, le ministère de l'Intérieur devraient vite réagir. "Le journal public arabophone El Massa sollicite, par écrit, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), pour la signature d'une ‘convention financière' contre la couverture médiatique de la campagne électorale pour les législatives du 4 mai prochain auxquelles participe le parti." C'est ce qu'a révélé, hier, en effet, le président du RCD, Mohcine Belabbas, lors de son passage au forum "El-Hiwar", qualifiant la proposition d'"étrange" doublée d'un "chantage qui ne dit pas son nom (...)" ou encore "d'aliénation grave". Le chantage est d'autant plus justifié que les responsables d'El Massa insinuaient qu'en cas de refus de leur proposition, le quotidien étatique continuerait à bouder les activités du parti y compris sa campagne électorale. Dans leur lettre adressée au RCD en date du 12 février, dont on détient une copie, en plus de la couverture de ses activés, il est également proposé au RCD des "placards publicitaires". Le tout, lit-on dans la même lettre, "contre un prix forfaitaire à négocier". Cela, quand bien même la publicité pour les partis politique serait interdite par la loi durant la campagne électorale. Les responsables de ce quotidien, sous tutelle du ministère de l'Information et de la Communication, ignorent-ils cette interdiction ou font-ils fi de la loi ? Tout en rappelant le boycott continu des activités du RCD par l'ensemble des médias publics, M. Belabbas souligne, à juste titre, que cette méthode est d'abord "contraire à l'approche et à la culture du parti par rapport à la pratique journalistique". À travers le comportement, premier du genre, de ce média public, le président du RCD s'interroge sur la vision du gouvernement, à sa tête le ministre de l'Information et de la Communication par rapport à la presse. "Est-ce que de leur (les décideurs, ndrl) point de vue, l'objectif des médias est celui d'informer, en toute liberté, les citoyens sur la vie commune, de consister en un intermédiaire entre le vécu des citoyens et les décideurs pour les avertir, si besoin est, sur les injustices ? Ou bien c'est un moyen d'exercer des injustices basées sur le principe ‘gagnant-gagnant' qui oblige les partis politiques, comme proposé au RCD pour payer El Massa, afin qu'il informe ses lecteurs des activités du parti ?" Voilà qui fait dire à M. Belabbas qu'"en d'autres termes, cette proposition constitue un chantage qui ne dit pas son nom (...)", voire "une aliénation grave". Cela, explique-t-il, d'autant plus que le quotidien El Massa reste un "appareil financé par l'argent du contribuable, à travers le marchandage du droit des annonceurs par l'Anep". Cette aliénation, ajoute-t-il, aura, néanmoins, le mérite de mettre à nu le niveau bas où se retrouve la presse étatique, aujourd'hui, "méprisante" à la fois pour les lecteurs et les journalistes. M. Belabbas se demande, un brin ironique, "si jamais le RCD acceptait de signer une convention avec El-Massa, ce dernier serait-il capable de relayer et de publier la vision et les positions du parti sur plusieurs questions affectant le pays ?". Il citera, à titre d'exemple, l'affaire des militants mozabites arrêtés à Ghardaïa. "Le ministère de l'Information et de la Communication autorisera-t-il El Massa à publier les placards publicitaires où le RCD dénoncera les dépassements de l'appareil judiciaire concernant les événements de Ghardaïa où plusieurs militants dont deux du RCD, Nacereddine Hadjadj et Nordine Kerrouchi, sont victimes de l'acharnement de la justice ?" s'interroge-t-il. Dans son intervention, M. Belabbas n'a, par ailleurs, pas manqué l'occasion de dénoncer les nombreux obstacles dressés, en cette veille des législatives, sur le chemin des partis de l'opposition par l'administration et le ministère de l'Intérieur ou encore l'Instance de surveillance des élections. L'objectif de ces pratiques, dénonce-t-il, étant d'empêcher les citoyens à choisir leurs représentants lors des législatives du 4 mai prochain. Farid Abdeladim