Les élections législatives du mois de mai prochain «pourraient amorcer le règlement de la crise de légitimité dont souffre le pays». C'est ce que pense le président du rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas. S'exprimant à l'ouverture, hier à Alger, de la réunion du conseil national de sa formation, il estime que la «solution à cette crise profonde est conditionnée». «La crise de légitimité, certes profonde, peut connaître une amorce de règlement à l'occasion des élections législatives prochaines si le pouvoir se résout à ne pas triturer les résultats et à laisser les citoyens choisir librement leurs représentants», lance-t-il. Pour lui, la balle est, une fois encore, «dans le camp du pouvoir». «La transition démocratique et pacifique ne procède pas de formalisme. Elle procède avant tout d'une volonté politique d'aller vers le règlement des problèmes. L'essentiel de l'opposition est prêt», ajoute-t-il. Parallèlement à son souhait par rapport à la transparence de la prochaine échéance électorale, le leader du RCD ne se nourrit pour autant pas d'illusion. La Haute instance de surveillance des élections, dont le président «a été installé en violation de la loi» jette, dit-il, «plus de discrédit et ne rassure pas les électeurs sur un processus déjà décrié parce qu'organisé par un pouvoir exécutif qui affiche son mépris de l'opposition.» «Fait aggravant, la structure chargée de cette organisation, à savoir le ministère de l'Intérieur, qui est incapable de donner suite à de simples courriers de demande d'information de la part de structures politiques ou sociales pourtant légales, n'augure pas de transparence et de neutralité dans la compétition électorale», ajoute-t-il, en qualifiant d'indécente «la précipitation de l'annonce de la rémunération de la HIISE en cette période de crise». «Pas campagne sur des slogans» Revenant sur les motivations ayant présidé à la participation du RCD à cette élection, Mohcine Belabbas promet «de poser les vrais problèmes et d'apporter les bonnes réponses au lieu de les fuir». «Le RCD ne fera pas de campagne sur des slogans creux. Il n'abusera pas le citoyen sur une fallacieuse réconciliation nationale qui a baillonné les victimes et meurtri les mémoires. Cette réconciliation est dépassée parce que nous l'avons matérialisée par des actions concrètes sans l'aide du pouvoir et de ses satellites. Pour nous, la réconciliation nationale prend appui sur la conférence de Mazafran du 10 juin 2014», affirme-t-il. Assurant que le parti axera son travail sur un programme et des propositions claires, Mohcine Belabbas tente de mobiliser ses troupes. «Seules sont perdues d'avance les batailles qu'on ne livre pas. Nous allons mener la bataille de la sensibilisation, celle de la mobilisation et celle de la surveillance. Le résultat dépendra aussi des efforts fournis», précise-t-il. A l'occasion de cette réunion, le RCD devra installer sa commission de préparation des élections. Le parti est contraint de passer par la procédure de collecte des signatures des électeurs dans de nombreuses circonscriptions. Commentant les rumeurs sur la candidature du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, aux législatives, Mohcine Belabbas estime que cela vise à «l'écarter de la course à la présidentielle de 2019». «Je ne sais pas s'il se présentera ou pas. Mais j'ai entendu parler des forces qui tentent de le pousser à se présenter pour l'empêcher de se porter candidat à l'élection présidentielle de 2019», a-t-il déclaré en marge de cette réunion. «Graves violations des droits de l'homme» Dans son discours devant les cadres de son parti, Mohcine Belabbas est revenu longuement sur la situation politique et économique du pays. Selon lui, la crise que traverse actuellement le pays est «porteuse de désordre et d'anarchie». «Elle fait peser une lourde menace sur notre vivre-ensemble jusqu'à notre souveraineté. La gravité de la situation économique doit nous inquiéter au plus haut point. Tous les clignotants sont au rouge», lance-t-il. Le premier responsable du RCD a dénoncé, dans la foulée, les «graves violations des droits de l'homme» et l'absence de volonté d'apaisement, notamment dans la wilaya de Ghardaïa. «Les violences politiques, les pressions et le chantage à l'encontre des citoyens sont quotidiens. Le nombre de détenus sans cesse croissant pour délit d'opinion ou pour une simple appartenance à un courant politique plonge le pays dans l'arbitraire et la peur», déplore-t-il, mettant en garde contre la politique du pourrissement à Ghardaïa où des militants politiques, dont ceux du RCD, sont en détention depuis des mois et sans jugement. «Aucune mesure d'apaisement ni de grâce n'est venue de la part des tenants du pouvoir malgré de nombreux appels à la raison. Pis, à présent, c'est la mort qui rode dans nos prisons», condamne-t-il.