Le sommet arabe ordinaire de Khartoum a pris fin, hier, dans les délais convenus, sans résultat spectaculaire, mais sur une surprise, le refus saoudien d'abriter le prochain sommet et une polémique entre le chef de l'Etat libanais et son premier ministre qui ont déplacé leurs querelles dans la capitale soudanaise. Quant au reste, cela relève de l'évidence comme la stratégie arabe de paix énoncée, il y a deux années à Beyrouth et consolidée en 2005 au sommet d'Alger, ou encore le refus du fait accompli israélien s'agissant de la définition des frontières. Alors que la question semblait acquise, l'Arabie Saoudite a refusé d'abriter le prochain Sommet arabe ordinaire en 2007, a annoncé hier son ministre du Travail Ghazi Qoussaïbi, lors de la séance de clôture du sommet de Khartoum. L'Arabie Saoudite « s'excuse de ne pouvoir inviter le Sommet arabe en 2007 », a dit le ministre saoudien dans une intervention au nom du roi Abdallah, absent de la conférence. Selon un porte-parole de la Ligue arabe, le prochain sommet aura lieu en mars prochain en Egypte, siège de l'Organisation panarabe. L'Egypte avait déjà abrité un sommet arabe en 2003 à la suite du refus de Bahreïn de l'accueillir. Les Sommets arabes ordinaires se déroulent annuellement dans un des pays membres, selon l'ordre alphabétique arabe. Lorsque le pays concerné décide de passer son tour, la conférence se déroule au Caire, au siège de l'Organisation. S'agissant des décisions prises lors de ce Sommet, elles sont relatives à la situation en Palestine et en Irak ainsi qu'à l'occupation, par l'Iran, des trois îles émiraties d'Abou Moussa. Les moyens de promouvoir la paix et relancer le développement au Soudan ont été examinés aussi par le sommet qui a adopté, par ailleurs, des résolutions sur le projet de déclaration portant élimination des armes de destruction massive (ADM), notamment l'arme nucléaire, de la région du Proche-Orient. Les dirigeants arabes ont adopté d'autres résolutions liées notamment à la promotion de la coopération arabo-africaine, arabo-européenne, arabo-chinoise et arabo-américaine, à la création d'un organisme arabe de l'environnement et au développement de la recherche scientifique et technologique. En ce qui concerne le premier point, les dirigeants arabes ont réaffirmé que le processus de paix était « un tout indivisible », assurant que la paix juste et globale dans la région est tributaire du retrait total d'Israël des territoires arabes occupés depuis juin 1967, notamment du Golan (Syrie) et du Sud Liban. S'agissant de la question palestinienne et le conflit arabo-israélien, les dirigeants arabes ont mis l'accent sur la nécessité d'un règlement juste pour le problème des réfugiés, conformément à la résolution 194 adoptée en 1984 par l'Assemblée générale de l'ONU. Ils ont, par ailleurs, rejeté toute forme de colonisation et appelé Israël à accepter l'instauration d'un Etat palestinien souverain avec El Qods comme capitale, conformément à l'initiative de paix arabe, adoptée par le sommet de Beyrouth (2002) soulignant que la réalisation d'une telle démarche « mettrait un terme au conflit arabo-israélien et ouvrirait la voix à la normalisation des relations avec Israël dans le cadre d'une paix globale ». Dans ce contexte, les dirigeants arabes ont appelé le Quartette à « œuvrer à l'instauration d'une paix juste et globale dans la région sur la base des résolutions de l'ONU, du principe de la terre contre la paix et l'interdiction de l'expropriation des terres d'autrui par la force, de l'initiative arabe de paix et de la Feuille de route ». Aussi, la Commission ministérielle arabe en charge de l'initiative de paix a-t-elle été chargée de la poursuite des contacts avec le quartette et les instances internationales concernées par le processus de paix en vue de « renforcer l'adhésion à cette initiative et œuvrer pour son adoption par le Conseil de sécurité ou l'Assemblée générale de l'ONU, en tant que solution pacifique au conflit arabo-israélien ». Concernant le soutien financier à l'Autorité palestinienne, les Etats arabes ont été appelés à poursuivre leurs aides et contributions au même titre que la communauté internationale, exhortée à maintenir son aide financière et économique à l'Autorité palestinienne et à respecter le choix du peuple palestinien. Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a aussi appelé M. Olmert, dont le parti Kadima devrait former le prochain gouvernement israélien, à renoncer à son plan de séparation. Le sommet a enfin affiché un appui au Liban dans ses efforts pour récupérer les fermes de Chebaâ, occupées par Israël. Il a en outre reconduit le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, à son poste pour un nouveau mandat. L'autre fait marquant de ce sommet est l'absence de nombreux dirigeants arabes. Ce qui, ajouté au refus saoudien d'accueillir la prochaine rencontre, pose un très sérieux problème. La tenue de sommets périodiques et réguliers, est l'un des aspects de la réforme de la Ligue arabe, avec le principe du vote.