À l'initiative de l'ONTT, un groupe de responsables d'agences de voyages a séjourné du 5 au 10 mars, dans le cadre d'un “éductour” visant à préparer la saison 2005 et à promouvoir le contact entre les professionnels du tourisme algériens et tunisiens. La Tunisie, terre d'asile, est une destination touristique mondiale privilégiée, avec six millions de touristes chaque année. Les Algériens font partie de ces visiteurs en quête de repos et de villégiature, et ils sont environ 900 000 à avoir pris en 2004 la destination Tunisie, qui jouit de structures hôtelières conformes aux standards internationaux. Dans le but de préparer la saison touristique 2006, le représentant de l'Office tunisien de tourisme à Alger a organisé, du 5 au 10 mars, un “éductour” avec un vingtaine de propriétaires d'agences de voyages algériennes. Pendant le séjour, les tour-operators algériens ont eu l'occasion de visiter les infrastructures hôtelières de Mahdia, Monastir, Sousse et Hammamet Yasmine. Ces visites, destinées à apprécier le produit touristique tunisien, à travers des tournées dans des chambres, les restaurants et les structures de thalassothérapie, ont été également ponctuées de workshops avec les professionnels du tourisme dans chacune des régions visitées. Ces workshops ont été l'occasion pour les Algériens de prendre des contacts et de signer des contrats avec des hôtels, en prévision de la saison estivale. Hassen Bouzouita, directeur de l'hôtel Crystal de Monastir, se félicite de ce genre d'initiatives. “La coopération est fructueuse. J'ai eu des contacts intéressants avec des Algériens ; les avantages qu'on offre aux autres, pourquoi ne pas en faire profiter également nos frères algériens”, dit-il. Pour Baâziz Abou de l'hôtel Abou-Nawas, les workshops “c'est pour nouer un contact et connaître les attentes des touristes algériens”. Il s'agit, explique encore le responsable de ce splendide établissement sur la côte de Monastir, de “développer le créneau du marché algérien et maghrébin qui est assez proche de nous, compte tenu des affinités culturelles et linguistiques entre Algériens et Tunisiens”. Les tour-operators algériens ne demandent pas mieux que de privilégier le produit touristique tunisien, sauf qu'ils sont confrontés, eux aussi, à d'énormes difficultés. Et la dernière, mais pas des moindres, est l'augmentation du billet d'avion Alger-Tunis. Avec 26 000 DA, il y a de quoi décourager bon nombre de clients, généralement issus de la “midle class”, qui doivent réfléchir à deux fois. Reste alors l'option des vols charters, mais là aussi il faudrait compter avec le bon vouloir des responsables d'Air Algérie qui ne donnent pas l'impression d'être particulièrement enchantés par la formule des charters. C'est la dure loi du monopole. En attendant de jours meilleurs, reste la formule de la voie routière, à travers des voyages en groupe par bus, avec une escale à Annaba. Salah Sedrati, patron affable de Dida Voyage, une agence qui a pignon sur rue sur le célèbre cours de la Révolution à Annaba, connaît bien le produit touristique tunisien. Il jouit d'une solide réputation auprès de ses partenaires de l'autre côté de la frontière. “Je suis le seul qui a pu convaincre un responsable d'hôtel à Sousse à hisser le drapeau algérien à côté des emblèmes allemand, français, anglais...”, se réjouit-il. Salah Sedrati, qui a quelque part le cœur lourd de voir les multiples potentialités nationales demeurées en jachère, est partisan d'un partenariat avec les Tunisiens, notamment pour la promotion d'un produit mixte à offrir aux touristes européens, qui intègre un circuit en Algérie. Saint Augustin, qui est né à Souk-Ahras, peut à ses yeux susciter l'intérêt des touristes européens, qui voudraient retourner sur les traces de cette grande figure de la chrétienté. C'est aussi le point de vue de M. Abdiche, propriétaire de l'agence de voyages Air plus de Tizi-Ouzou et de son collègue Ramdane de l'agence Z Voyages, qui sont pour la promotion du produit local à travers l'organisation de randonnées pédestres en Kabylie. Ziyad Ben Hassan, de l'ONTT Alger, revient sur le dernier éductour pour en tirer un premier bilan : “C'est pour permettre aux agences algériennes de voir le produit touristique de près, éviter que ce produit ne se vende sur brochure, seulement.” Et de préciser aussi : “Il faut que l'agent voie le produit, le séjour à l'hôtel, la chambre, la cuisine pour ensuite expliquer au client. La brochure fausse la crédibilité du voyage.” Parlant du marché algérien, M. Ben Hassan observe que le côté individuel domine sur le collectif. Pour lui, l'Algérien et le Maghrébin, de façon générale, ne planifient pas leurs vacances en raison des traditions culturelles propres à notre région.C'est pourquoi, explique-t-il, il y a chez lui “le réflexe de last minute”. Parlant des opérateurs algériens, notre interlocuteur est partisan d'un assainissement du secteur, pour ne laisser la place qu'aux véritables professionnels, qui ont le métier du voyage à cœur. “Il faut créer un noyau dur, éliminer les intrus”, suggère-t-il, en comptant sur l'effort de tous les intervenants à y mettre du leur dans cette action. Ces derniers, selon lui, doivent aussi améliorer leurs produits en termes de prestations et de coût, de prise en charge et d'assistance du client. M. Ben Hassan est partisan d'une démarche maghrébine en matière de tourisme. “Il faut activer des circuits combinés Alger-Tunis, mettre en œuvre la synergie, faire appel à l'expérience tunisienne.” Pour lui, vendre un produit combiné est meilleur qu'un produit pour un seul pays, car le client est plus intéressé de visiter deux pays dans le cadre d'un circuit combiné, par exemple, Carthage-Tipaza. N. S.