En 2006, la Tunisie a enregistré plus de 900 000 touristes algériens, dont 90% ont transité par les postes-frontières routiers. Dans cet entretien, le représentant de l'Office national du tourisme tunisien à Alger (ONTT), Ziad Ben Hassen, nous livre le bilan de l'année 2006, les perspectives pour l'année 2007, mais également les raisons majeures qui ont fait de la Tunisie une destination incontournable pour les Algériens. Liberté : L'ONTT d'Alger a établi un bilan des plus positifs pour l'année 2006. Qu'est-ce qui explique cette croissance et quels sont les facteurs majeurs qui font de la Tunisie la première destination des Algériens ? Ziad Ben Hassen : Le bilan a été effectivement positif. Nous avons enregistré près de 1 million d'Algériens en Tunisie pour l'année 2006. Ce qui est extraordinaire. Il est vrai que l'ONTT à Alger a déployé tous les moyens pour enregistrer un tel engouement. Mais il faut noter, et c'est un facteur non négligeable, le travail de fond qu'effectuent les agences de voyages avec lesquelles nous développons nos produits. Aujourd'hui, ces agences ratissent large et connaissent un essor meilleur. Quand aux raisons de l'engouement, il y a deux aspects. D'abord celui lié à l'histoire des deux pays, l'amitié, le bon voisinage, la proximité géographique et la culture. Ensuite, il y a l'aspect psychologique. L'Algérien se sent chez lui en Tunisie. Être à côté rassure mieux le touriste. Mais aussi, il y a un autre élément, le visa. Cela étant dit, le touriste cherche aujourd'hui le meilleur avec le rapport qualité/prix. Ce que la Tunisie développe constamment envers ses touristes. Au jour d'aujourd'hui, 90% des touristes algériens qui viennent en Tunisie transitent par les postes-frontières terrestres et seulement 10% choisissent le transport aérien. Justement, en parlant des moyens mis en œuvre par la l'ONTT d'Alger et par la Tunisie pour engranger le maximum de touristes, le transport aérien... Le transport aérien est un moyen comme tous les autres. Si certaines agences développent les voyages par charters, ce qui est moins coûteux pour le client, d'autres touristes, à savoir ceux de l'ouest de l'Algérie, n'ont pas de moyens de transport direct vers la Tunisie. Ce qui a conduit à l'ouverture en mai 2006 d'une ligne aérienne à Oran par Tunis Airlines. Si non, la majorité des Algériens, vue la proximité géographique, préfèrent voyager par route. Quels sont les produits les plus prisés par la clientèle algérienne en Tunisie ? Il faut savoir que 40% des Algériens qui viennent en Tunisie choisissent la période des pics, à savoir juillet et août. Du coup, l'on déduit que cette importante clientèle est beaucoup plus intéressée par le tourisme balnéaire, ce qui est tout à fait normal en période de grandes vacances. Le reste des touristes qui viennent à longueur d'année sont portés sur la thalassothérapie, le sport, la santé, le tourisme de séminaire et de congrès ainsi que le tourisme d'affaires. Ceci dit, le tourisme de thalassothérapie occupe une place majeure chez les Algériens sachant que la Tunisie est classée deuxième au monde après la France. L'ONTT développe de plus en plus d'éductours au profit des agences algériennes, mais aussi des semaines gastronomiques tunisiennes en Algérie. Qu'en est-il précisément ? Nous avons un plan très chargé en ce sens, notamment pour aider les agences algériennes en organisant une moyenne de 10 éductours par année au profit d'une soixantaine d'agences et 5 autres voyages de presse pour spécialiser davantage les journalistes dans le secteur. Cette politique de marketing très développée en Tunisie s'inscrit dans un cadre de partenariat entre les deux pays pour développer un plan d'assistance aux agences, de communication et de découverte des multiples produits à faire valoir auprès des clients. Cela a donné de très bons résultats. Aujourd'hui, la même presse qui se spécialise dans le tourisme sera appelée à faire promouvoir la destination Algérie. Pour 2007, nous comptons maintenir la même cadence. Concernant les agences qui commercialisent nos produits, elles sont près de 300 à sous-traiter avec nos partenaires directs ici en Algérie. Toutefois, la sous-traitance ne donne pas les mêmes effets et impacts sur le client. On ne sous-traite pas un rêve. Pour ce qui est des journées gastronomiques, en 2006, nous avons eu à organiser trois manifestations à Annaba et Alger. Quant aux produits combinés, le circuit religieux Saint-Augustin est en cours d'exploitation alors que les circuits Tipasa-Carthage et Ghardaïa-Tozeur seront bientôt mis en exploitation. L'essentiel est que nous avons dépassé le cap d'émetteur-récepteur. Nous avons une relation de partenariat que tout le monde privilégie à tout point de vue. Les Tunisiens restent à l'écoute du développement touristique en Algérie. Il y a un programme exécutif et nous tenons régulièrement des réunions avec les Algériens. Il y a une véritable synergie entre les deux pays. Quelles sont vos prévisions pour 2007 ? Le cap sera maintenu. L'ONTT d'Alger prévoit une croissance de 3% à 4% en termes de flux touristique vers la Tunisie. Le souci de l'ONTT est également partagé par les agences de tourisme. Il faut canaliser le maximum de touristes et faire valoir le taux d'encadrement des tour-opérateurs algériens. Ces derniers ont déjà gagné une bataille. Ils ont pu reconquérir leur crédibilité. Et c'est grâce à cet aspect important que l'activité a sensiblement repris. Le tour-opérateur algérien a réussi à améliorer son image de marque. Concernant les produits, nous attendons une bonne croissance en matière de tourisme de thalassothérapie et les produits de niche. Nous avons également prévu des éductours, des voyages de presse et quatre journées gastronomiques à Oran, Annaba, Sétif et Constantine. L'année 2007 s'annonce très intense. Nous allons étudier la probabilité de relancer la ligne maritime entre l'Algérie et la Tunisie pour organiser des croisières. Il faut signaler que l'ONTT se prépare au Salon international du tourisme (Sitev-2007) à Alger et actuellement la Tunisie participe activement à l'évènement de l'année, à savoir “Alger, capitale de la culture arabe”. F. B.