Dans cet entretien, le premier responsable du Ceimi insiste sur la formation et la nécessité de disposer d'une main-d'œuvre qualifiée. Liberté : Quel est le poids du Club des entrepreneurs et des industriels de la Mitidja (Ceimi) ? Kamel Moula : Aujourd'hui, notre patronat est national. Nous avons 18 ans d'existence. Je suis son quatrième président. Le club réunit essentiellement dans son portefeuille des PME/PMI. On est à 1 200 adhérents. On active dans plusieurs secteurs. Cette fois-ci, on a même inclu la section agricole. Des agriculteurs, aujourd'hui, font partie du portefeuille des adhérents. Le Ceimi compte beaucoup d'adhérents dans l'agroindustrie. Cette filière a besoin d'intrants. C'est pourquoi on a essayé de les intégrer pour pouvoir les écouter, les accompagner pour qu'ils puissent répondre aux besoins des opérateurs dans l'agroalimentaire faisant partie du club. Parce que si, aujourd'hui, on continue à importer les intrants, on ne peut aller loin. Si on veut assurer la sécurité alimentaire, c'est impératif de les associer. Parmi nos objectifs, c'est de les accompagner, de les former aux nouvelles technologies. Les entreprises adhérentes au club emploient au total 150 000 salariés. Le club s'organise en sections : cosmétique, plastique, agroalimentaire. Par ce qu'il y a des problèmes spécifiques aux filières qu'il convient de régler. La première préoccupation du Club est d'aller vers la formation. On s'est dit qu'on ne peut pas être performants si on n'a pas les ressources humaines qualifiées pour répondre à ce challenge. On veut tous s'agrandir mais on a tous un souci de ressources humaines. C'est l'un des gros problèmes de l'Algérie. Donc, on a conclu beaucoup de conventions avec les universités, les centres de formation pour pouvoir offrir des formations à la carte. Donc, on est arrivé à finaliser plusieurs conventions avec l'enseignement supérieur. Quelles difficultés rencontrent les entrepreneurs adhérents au Club ? La réalité de l'économie nationale a été pendant longtemps la marginalisation de la production nationale. Pendant longtemps, c'était beaucoup plus facile d'importer le produit fini que de le produire localement. Aujourd'hui, avec le manque de ressources financières, on est obligé d'aller vers cette direction, se tourner vers la production nationale .. Le gouvernement a pris conscience que si on veut développer notre pays, il faut passer impérativement par la production nationale. Si on veut réduire les importations, il faut produire localement. On a pris beaucoup de retard. Cela ne va pas être facile. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire. On est train de faire baisser la facture des importations. Cela nous réjouit parce que pendant longtemps, l'Algérie était un dépotoir de tous les produits. Souvent, les produits européens ou asiatiques n'étaient pas aux normes. En fin de compte, cela bloquait l'évolution des entreprises algériennes. Aujourd'hui, le gouvernement a décidé de faire baisser les importations. Si on dit que c'est le moment de faire baisser de 60% la facture des importations, ce 60%, c'est l'entreprise algérienne qui doit combler ce vide là. La production nationale ne peut que s'épanouir. Mais le problème est qu'on peut le faire du jour au lendemain. Le rôle de notre patronat, c'est justement d'accompagner les entreprises, les perfectionner, essayer de trouver des solutions par secteur d'activité parce que c'est là où on est le plus efficaces. Pour les licences d'importation, ils ont introduit dernièrement les cosmétiques. On a institué des licences d'importation par exemple pour les shampoings. On a de très belles entreprises algériennes dans ce domaine qui produisent surtout des produits de qualité. On peut couvrir les besoins du pays dans ce domaine et dégager des excédents à l'exportation ... Notre rôle est de réhabiliter les métiers. Ceux qui ont disparu. On va passer par la formation. Dans notre club, on a une section formation. On recueille les besoins de formation dans des métiers qui ne sont pas là et qui le seront dans 4 ou 5 ans. On les prépare, par exemple, dans la sous-traitance automobile. Les partenaires étrangers ne peuvent pas venir si on n'a pas une main-d'œuvre qualifiée. Dans la plasturgie, on est en train de mettre avec le ministère de la Formation professionnelle une école de plasturgie qui va répondre à cet impératif de taux d'intégration de 40%. On ne peut pas y arriver si on n'a pas en amont une main-d'œuvre qualifiée. Il y a une trentaine d'entreprises, membres du Club, qu'on a identifiées. Elles veulent s'impliquer dans ce secteur mais un transfert de savoir-faire doit se réaliser, c'est-à-dire pour qu'elles puissent devenir de véritables sous-traitants dans le secteur automobile... Quel est l'état de santé des laboratoires Venus et quelles sont ses perspectives de développement ? Notre société se porte bien sur tous les plans. On a connu une croissance de 17% en 2016. Notre croissance, nous sommes allés la chercher sur les marchés national et africain et avec de nouveaux produits. L'entreprise est très innovante. Nous détenons 32% de parts de marché dans les cosmétiques. On est leader dans ce type d'activité. Notre capital est de 1,2 milliard de dinars. Les exportations représentent à peine 3% du chiffre d'affaires. Nous voulons le faire évoluer à 8%. Nous exportons vers le Moyen-Orient, l'Afrique et vers 13 ou 14 autres pays. Nous commercialisons 180 produits. Nos nouveaux produits s'inscrivent dans la parapharmacie : crèmes de soins visage, gel douche avec capsules micro-billes... Entretien réalisé par : K. Remouche