Le président du Front El-Moustakbal (FM), Abdelaziz Belaïd, a présenté, hier, au village des artistes à Zéralda, les premiers chiffres de la participation de son parti aux prochaines élections législatives du 4 mai prochain. Animant ainsi une conférence de presse en marge d'une réunion à huis clos avec les têtes de liste de son parti, Belaïd n'a pas manqué de lancer, hier, en des termes certains et sibyllins de graves accusations à l'encontre de l'administration. Jugeons-en : "Nous constatons les prémices d'une non-transparence anticipée." Invité à être plus explicite sur cette fraude annoncée, il se bornera alors à des remarques générales sur le rôle prépondérant de l'administration locale dans les échéances électorales. Belaïd semblait pourtant en avoir trop dit avant de se raviser soudainement : "Tout le monde le sait. Jusqu'à hier encore, il y a eu des changements sur les listes, ce qui est contraire à la loi." Face à l'insistance des journalistes qui voulaient savoir quelle était précisément cette formation politique qui serait ainsi au-dessus des lois, l'orateur bottera en touche en notant seulement l'intrusion d'un élément nouveau dans les élections en Algérie, à savoir les coalitions de l'argent sale. S'agit-il du FLN, l'ancien parti unique dont il est l'un des transfuges ? Belaïd se refusera, dit-il, de s'ingérer dans ce parti dont l'action politique ne peut être évaluée, selon lui, que par ses militants. Revenant enfin sur la participation de son parti, le président du Front El-Moustakbal vantera la transparence des procédures de sélection mises en place au sein de son parti : "Je peux vous assurer que 70% des listes confectionnées localement sont restées inchangées. Pour le reste, nous avons procédé à quelques régularisations seulement." Son parti ayant réussi à obtenir plus de 4% des voix exprimées lors des dernières législatives, le Front El-Moustakbal a pu présenter 32 listes sans collecte de signatures. En tout, ce sont 550 candidats, dont 168 femmes de son parti, qui vont se mesurer à la prochaine joute électorale, a-t-il révélé. Il signalera, en outre, la participation de deux femmes en tant que têtes de liste, l'une à Ouargla et l'autre à Annaba. "Il reste seulement 6 listes, objet de contestations, devant la justice suite à des violations constatées dans certaines wilayas." Sur ce point, Belaïd dénoncera "l'hégémonie de l'administration", seule autorité à même d'apprécier, selon lui, le degré d'allégeance des candidats. À ce sujet, il mettra notamment en exergue "le rôle exorbitant" des walis, des chefs de daïra et même des présidents d'APC. Pour lui, désormais, il n'y a aucun doute, la Haute instance indépendante de surveillance des élections, présidée par Abdelwahab Derbal, n'a plus "aucune emprise sur le processus électoral". Il soulignera néanmoins à l'adresse de ses militants que le prochain rendez-vous électoral ne doit être perçu que comme "une étape parmi d'autres". Il exhortera surtout ses candidats à militer pour un "véritable changement" en Algérie tant ces élections constituent, selon lui, "une occasion pour modifier nos comportements et nos mentalités". Mohamed-Chérif Lachichi