Un climat de suspicion a régné, hier, sur la cérémonie d'installation, au Palais des nations, de la Haute instance de surveillance des élections, en présence du Premier ministre, des membres du gouvernement et d'une partie de la classe politique. Le discours rassurant du Premier ministre ainsi que celui du président de cette instance, Abdelwahab Derbal, centré autour de l'obligation de "transparence et de régularité" des prochains scrutins, n'ont pas dissipé les appréhensions de certains partis qui n'ont cessé de réclamer la mise en place d'une commission indépendante de surveillance des élections. "Nous avons donné tous les moyens à la Haute instance de surveillance. Elle représente un plus pour les prochains scrutins, car il s'agit de donner des garanties aux Algériens, ainsi qu'aux partis politiques pour les amener à participer massivement aux prochaines élections", a déclaré Abdelmalek Sellal en marge de cette rencontre, précisant que le scrutin législatif se déroulera durant le premier semestre de l'année en cours. Interrogé sur le cas des ministres qui souhaitent se porter candidats aux prochaines législatives, il réplique qu'"ils ont le droit de le faire", sans s'attarder sur le sujet. À l'instar du RCD et du FFS, beaucoup de partis politiques ont boycotté cette cérémonie d'installation. Contacté, le secrétaire national chargé de la communication au RCD, Athmane Mazouz, estime que "cette commission de surveillance des élections ne représente pas son parti". D'autres ont marqué leur présence, tout en restant très sceptiques sur les garanties données par le pouvoir quant à la régularité des scrutins législatif et local. Djelloul Djoudi, qui a représenté le Parti des travailleurs, pense que l'administration doit fournir la logistique et les moyens, et non s'occuper de l'organisation et de la surveillance des élections. Il rappelle que le groupe parlementaire du PT a introduit un amendement réclamant la présence des partis politiques au sein de cette Haute instance, sans obtenir gain de cause. Le secrétaire général du mouvement Ennahda, parti qui vient de conclure une alliance avec le PJD (El-Adala), n'est pas plus convaincu par les promesses de cette instance de garantir un scrutin libre et transparent. Mohamed Douibi justifie sa présence par "la nécessité de rappeler qu'une élection libre et transparente nécessite certaines conditions dont la neutralité de l'administration". Le président du front El-Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, compare le prochain scrutin à un match : "Soit on rentre et on joue en espérant que les choses vont bien se dérouler, soit on déclare forfait." La présidente de l'Union pour le changement et le développement, Zoubida Assoul, estime que le jeu apparaît d'ores et déjà fermé. "Les informations qui nous parviennent sont inquiétantes. Il semblerait qu'il y ait eu déjà partage des voix." Le conseil national de ce parti tranchera le 4 février prochain sur sa participation ou pas aux prochaines législatives. Bien entendu, des formations politiques comme le Taj, le FLN et le RND ont saisi cette occasion pour rassurer sur la transparence des prochains rendez-vous électoraux. La Haute instance indépendante de surveillance des élections représente un grand enjeu. C'est un organe de contrôle jouissant de larges attributions. Il est composé de 410 membres, dont la moitié est nommée par le président de la République. Le reste des membres est choisi parmi la société civile. Cette instance est censée veiller à la neutralité des agents chargés des opérations électorales et à la non-utilisation des biens de l'Etat au profit d'un parti politique, d'un candidat ou d'une liste de candidats. Elle doit aussi s'assurer de la mise de la liste électorale communale à la disposition des représentants dûment habilités des partis politiques et répartir de manière équitable les temps d'antenne dans les médias audiovisuels. L'instance, dont le mandat s'étale sur cinq ans, a tenu sa première réunion, hier, à huis clos. Nissa Hammadi