La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, qui a animé hier un meeting populaire à la salle de cinéma Sierra-Maestra d'Alger, a réitéré le refus de son parti de cautionner les décisions prises actuellement par le pouvoir, à commencer par la loi de finances 2016, jusqu'au projet de révision constitutionnelle. Devant les militants du PT, des syndicalistes et deux membres du "groupe des 19 -4" (Zohra Drif et Khalida Toumi), elle a rappelé que la dernière session du comité central du PT avait mis les structures du parti "en état d'alerte maximale". Pour Louisa Hanoune, "le pays a rejoint la zone de très hautes turbulences", c'est pourquoi son parti a décidé d'aller à la rencontre des citoyens. Hier samedi, partout à travers le territoire national, des meetings populaires sont tenus afin de sensibiliser les citoyens sur les dangers qui pèsent sur le pays, selon la secrétaire générale du PT, qui estime que la décantation est faite : "Il y a deux camps qui s'affrontent : les néo-harkis, les prédateurs et la mafia, qui sont une minorité, et la majorité du peuple." Même si elle reconnaît que la crise, due à la chute des cours de pétrole, est bien réelle, elle refuse de se taire, pour autant. Pour elle, les ressources existent pour faire face à cette crise, estimant que les réserves de changes, au lieu d'être confinées dans des bons de Trésor, auraient dû être transformées en or, qui est une valeur sûre. Louisa Hanoune fustigera l'accord d'association avec l'Union européenne qui occasionnerait, selon elle, 1,4 milliard d'euros de pertes par an à l'Algérie. Tout comme elle préconise d'imposer un taxe sur les fortunes des quelque 5 000 milliardaires algériens, affirmant que cette taxe n'est pas une mesure socialiste, mais pratiquée par les pays capitalistes. Elle pointera du doigt la fraude fiscale et la corruption et rappellera le prêt de 5 milliards de dollars accordé par l'Algérie au FMI, tout comme elle fustigera les exonérations fiscales dont auraient bénéficié "les prédateurs" et qui s'élèveraient à 90 milliards de dinars, ainsi que le non-recouvrement des crédits colossaux accordés "aux copains et aux coquins". Louisa Hanoune enfoncera le clou en affirmant que "si le président de la République était au courant de ce qui se passait, il aurait rectifié le tir pour éviter une rupture violente". Et de s'attaquer à son ennemi favori, Ali Haddad, sans le nommer, en soulignant que "le président du FCE a demandé un prêt de 1,6 milliard de dollars auprès de la Banque d'Algérie. Et comme garantie, il a présenté 830 marchés publics obtenus de gré à gré, au lieu de mettre sa fortune ou son hôtel en Espagne en gage". Pour elle, l'austérité ne concerne que la majorité du peuple, et épargne la minorité mafieuse qui continue de bénéficier davantage de cadeaux et de siphonage de l'argent public. Comparant la situation du pays à celle d'un "bateau ivre", la secrétaire générale du PT estimera que la priorité des priorités est de lutter contre la loi de finances 2016. Pour elle, cette loi a levé le voile sur les vraies intentions du pouvoir. "Ceux qui décident sont un pouvoir parallèle au service d'une minorité et de l'étranger." Revenant sur la dernière note du gouverneur de la Banque d'Algérie, elle estimera que cette dernière aurait dû pousser l'Etat à déclarer l'état d'alerte maximale. Tout en martelant qu'elle n'a pas peur de l'oligarchie, elle estimera que "ceux qui se taisent devant la rapine et la mafia ne méritent pas d'être Algériens". Et de s'attaquer à des membres du gouvernement qu'elle accuse de rouler pour les intérêts de l'ex-colonisateur : "Certains veulent le retour de l'ex-colonisateur, le système de l'indigénat et des bachaghas." Maintenant ses accusations à l'encontre du "pouvoir parallèle" qui aurait "confisqué" les pouvoirs du président de la République, elle estimera qu'il y a un processus de décantation et de recomposition politique qui est en train de naître et qui s'est manifesté lors du vote du projet de loi de finances 2016. Azzeddine Bensouiah