Le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix au Mali avait de quoi qualifier la situation dans ce pays voisin de "préoccupante", lors d'un point de presse samedi à Bamako. Et pour cause, la série des assassinats ciblés se poursuit dans le nord du Mali, a-t-on appris de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), alors que sur le plan politique, des blocages persistent toujours à Tombouctou et à Touadéni, où les autorités intérimaires ne sont toujours pas installées, dans la cadre de la mise en œuvre de l'Accord d'Alger du 15 mai-20 juin 2015. "La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) informe l'opinion publique nationale et internationale de l'assassinat d'un de ses combattants nommé Toukannass AG Mahammad dans la nuit du samedi 18 mars 2017, par des individus armés à Ouzzeyane (commune d'Abeibara)", lit-on dans le communiqué de l'ex-rébellion. "Le défunt était en visite dans sa famille, quand des individus armés non encore identifiés l'ont criblé de balles", a précisé la CMA, soulignant que "tout porte à croire qu'il a été victime d'un acte criminel prémédité". Cet assassinat intervient au lendemain d'un autre crime qui a visé un chef militaire du Groupe d'autodéfense des Touareg de l'Imghad et alliés (Gatia, membre de la Plateforme) à Ménaka, dans le nord-est du Mali. Almadi Ag Lengach a été assassiné également chez lui. Ces deux actes sont loin d'être de banals faits divers ou règlement de compte personnel. Ils sont vraisemblablement directement en lien avec la crise politico-militaire que vit ce pays depuis la rébellion touarègue de fin 2012. Parallèlement, sur le plan politique, la situation n'est également pas réjouissante. Bamako et les parties impliquées dans le dossier de résolution de la crise malienne (ONU, Union africaine et pays voisins du Mali) sont toujours en négociations avec des représentants des habitants de Tombouctou de Taoudéni (nord-ouest) pour la mise en place des autorités intérimaires. Le gouvernement malien a d'ailleurs dépêché son ministre de la Défense pour tenter de convaincre le Congrès pour la justice dans l'Azawad (CJA) de déloquer la situation. Le JCA, récemment créé, veut être intégré dans le processus d'Alger, ce qui n'est pas possible, à lire le texte de l'accord. Ce mouvement n'a d'autres choix que de rejoindre l'une des deux entités signataire de l'accord en question, c'est-à-dire la CMA ou la Plateforme d'Alger (pro-Bamako). Lyès Menacer