"L'opportunité pour vous ressaisir et sauver le pays est toujours de mise, mais à condition de laisser les élections libres et transparentes. Laisser le peuple décider et dessiner seul la carte politique", a-t-il martelé à l'adresse du pouvoir. Avant même que la campagne ne commence, la nouvelle Alliance islamiste entre le MSP et le Front du changement (FC), de l'ex-ministre Abdelmadjid Menasra, exhibe déjà ses biceps. Devant les candidats de la nouvelle entité appelée alliance-HMS, réunis hier à Alger, Abderrezak Makri s'est montré menaçant à l'égard du pouvoir. Par certains aspects, sa sortie, même si sa déclinaison est de bonne guerre en politique, prend les allures d'un véritable chantage. "Nous disons aux responsables, comme le leur a dit notre cheikh Nahnah durant la crise des années 90, quand le pays était en cessation de paiement : ‘Afa alahou an ma salef (Que Dieu pardonne le passé), tournons-nous vers l'avenir.' On la répète aujourd'hui, au nom du cheikh, des militants, de l'alliance : que Dieu pardonne le passé, si vous vous engagez vers un avenir sensé et de bonne gouvernance. À commencer par les élections. Nous, nous ne voulons pas de problèmes, nous ne voulons pas troubler le climat, entrer dans une confrontation. L'opportunité pour vous ressaisir et sauver le pays est toujours de mise, mais à condition de laisser les élections libres et transparentes. Laisser le peuple décider et dessiner seul la carte politique", a-t-il martelé à l'adresse du pouvoir. Makri qui proclame la capacité de l'Alliance à "gagner" lors des élections, pour peu qu'elles soient transparentes et honnêtes, fait même une offre de "coopération" au pouvoir, mais n'hésite pas de menacer de passer à l'opposition au cas où il y aurait fraude. "Nous sommes un mouvement capable, une force présente partout et personne ne nous aide. Je vous dis, si ce mouvement ne réussit pas aux élections, c'est que les résultats ne seront pas logiques. Ils seront douteux. Nous ne pouvons échouer avec un mouvement pareil, nous allons réussir", assure Makri, avant d'ajouter : "Nous disons au régime : l'opportunité vous a été donnée. Et vous avez usé de la chose politique comme vous vouliez, mais malheureusement, vous avez échoué. Nous ne voulons pas rentrer avec vous dans le règlement de compte, la confrontation (...)." Il soutient encore : "Si vous (à l'adresse des responsables, ndlr) étiez au service de l'Algérie, nous vous aurions soutenus. Nous ne sommes pas des assoiffés du pouvoir, ni ne courons derrière des strapontins. Nous ne sommes pas un parti qui fait dans la surenchère et nous ne cherchons pas la confrontation. Si vous aviez réussi et si vous n'aviez pas mené le pays à cette situation, nous ne nous serions pas exprimés ainsi. Nous ne cherchons que l'intérêt du pays et l'avenir de nos enfants (...)." Pour un gouvernement de coalition L'Alliance, qui se félicite de ses listes élaborées, composées de 36% de femme et de 83% d'universitaires, vide de "l'argent sale et des corrompus", alors que 75% ont moins de 50 ans, compte présenter sa vision lors de la campagne articulée autour de la proposition d'un gouvernement de coalition qui pilotera la transition politique et économique pour asseoir les règles démocratiques de l'exercice politique, de nature à assurer l'alternance. "Nous allons aborder la campagne en présentant des alternatives, pas en nous livrant à la contradiction ; pour donner l'image d'un parti responsable, qualifié pour le pouvoir, dans l'esprit d'un parti de gouvernement", affirme Makri, avant de s'adresser de nouveau au pouvoir : "Si vous le souhaitez, vous avez un parti devant vous capable de travailler dans l'intérêt du pays ; s'il y a une vision de coopération, il appartient à l'Etat de faire cela. Sinon, vous n'allez pas réussir. Et pour que l'Algérie ne soit pas naufragée avec vous, nous serons dans l'opposition pour encadrer le peuple algérien, partout dans le pays, pour changer la situation. Le seul juge, c'est le peuple. Le problème sera entre vous et le peuple." "Nous sommes disposés à coopérer avec ceux qui seront imposés par le scrutin", dit-il, par ailleurs, non sans attaquer la majorité, particulièrement le FLN. "Il n'y a aucun pays au monde où des partis restent soixante ans au pouvoir." Makri n'a pas manqué, enfin, d'appeler ses militants à la "vigilance car ces élections ne seront pas comme les précédentes". Pour sa part, le responsable du FC, l'ex-ministre, Abdelmadjid Menasra, tête de liste de l'Alliance à Alger, a estimé qu'il y a une entreprise visant à "piéger" les élections. Parmi ces pièges : les scandales autour de la confection des listes portant ainsi "atteinte à l'élection et désespérant davantage les électeurs", "les propos anticipés sur l'élection présidentielle", "l'évocation de l'histoire des quotas, suggérant aux électeurs qu'il ne sert à rien de voter" et "enfin, les commentaires laissant entendre que la majorité sera reconduite". Qualifiant la Haute instance indépendante de surveillance des élections de "décor électoral", Menasra relève, par ailleurs, "des turbulences et un cafouillage au sein du gouvernement dans la gestion des affaires publiques". Il cite, dans ce contexte, notamment la nomination controversée d'Ould Kaddour à la tête de Sonatrach et l'installation d'un comité de veille pour l'investissement. Karim Kebir