Résumé : Kahina dévoile à Mustapha qu'elle était poète et qu'elle avait participé à une manifestation culturelle avec Tahar, il y a plusieurs années. Elle tente de retrouver sa trace parmi les artistes présents, mais il n'était pas là. Le feu aux joues, je me retourne vers Mustapha qui poursuit : -Jeune journaliste, vous devriez plutôt continuer sur votre lancée et interroger d'autres artistes. Vous avez déjà mon prospectus. Vous pourriez en avoir d'autres pour faire une synthèse. Je veux dire un compte rendu qui servira pour votre article. -Oui. Vous avez raison. Je vais tenter de me rapprocher des autres. Merci. -Il n'y a vraiment pas de quoi. Tout le plaisir a été pour moi. Je fais quelques pas pour m'approcher du groupe des artistes, puis je me ravise. Ne devrais-je pas commencer par faire un tour au niveau de l'exposition ? Tous ces tableaux et ces toiles sont la créativité de ces esprits libéraux, qui font de leur art une raison de vivre et démontrent au reste du monde qu'ils sont ces existentialistes qui ont le mieux compris la destinée. Quelle philosophie ! Suis-je réellement une étudiante en langues étrangères ? Je secoue la tête. Aujourd'hui, je suis journaliste. Le mot me parut un peu déplacé dans mon esprit. Je n'aurais jamais imaginé à mon réveil ce matin qu'au milieu de la journée je serais ici dans ce hall, à la recherche d'échos pour un article de la culturelle. Soudain, mon regard est happé par un paysage qui me semble familier. La toile représente un coucher du soleil au Sahara. L'infini se conjugue au pluriel. Quelques palmiers par-ci, des chameaux par-là, et les rayons taquins de l'astre dardaient leur couleur sur les angles indisciplinés des dunes de sable et des roches. Un seul artiste pouvait reproduire une telle fresque avec autant d'exactitude et de sensibilité. Tahar. Sans même daigner jeter un coup d'œil à la signature, je sentais sa présence. Il était là. Ici dans la brume abstraite de son pinceau. Le "T" qui faisait un chapeau à la tête d'un chameau me donnait raison. Tahar était là, sans même se montrer. -Il est au premier étage. La voix me tire de mes méditations. Mustapha me frôle avant de se mettre en face de moi. -On dirait que tu as le flair pour le retrouver. -Si c'était le cas, je n'aurais pas attendu toutes ces années. Il hausse les épaules. -Je ne sais pas pourquoi, mais cet homme, aussi simple qu'il est dans sa vie quotidienne, attire toutes les femmes. -Je dirais que c'est plutôt les femmes qui sont attirées par lui. -C'est kif kif. J'aimerais plutôt savoir ce qu'il a de mieux que les autres. -Tu l'as dit toi-même. Un professeur, du tonnerre ! -Oui. Mais je parlais de sa façon d'enseigner et de sa manière de voir les choses. -Eh bien, c'est peut-être là tout le secret. Il est unique. -Sa femme le trouve arrogant et sans modestie. -Non. C'est faux ! (À suivre) Y. H.