Si ce laxisme, voire cette complaisance à l'égard de la connexion entre l'argent sale et la politique est dénoncé, le zèle que le gouvernement met à attaquer les partisans du boycott l'est davantage. Le parti Talaie El-Houriat de l'ancien chef de gouvernement Ali Benflis, qui a choisi de rester en dehors de la compétition électorale, relève un décor sombre dans lequel interviennent les élections législatives. Sombre du fait du pouvoir qui, selon le parti, dont le bureau politique s'est réuni hier à Alger, prépare le scrutin législatif dans "des conditions indignes dans notre pays et outrageantes pour notre peuple". L'instance exécutive de Talaie El-Houriat, qui s'est déclarée totalement en phase avec les discours du président du parti, fort de nombre de constations, conclut à une décrédibilisassion de la future assemblée avant même son élection. "Il (le BP, NDLR) a exprimé ses profonds sentiments d'amertume, de consternation et d'indignation à l'égard des scandales honteux qui s'accumulent autour de la prochaine échéance électorale et qui portent des coups sévères à son intégrité, à sa probité et à sa régularité discréditant et décrédibilisant, de ce fait, la future instance législative avant même son élection." Un enchaînement politique logique ne pouvait qu'amener le parti à mettre le doigt dans la plaie et dénoncer ce qui ternit le processus électoral en cours : l'intrusion de l'argent. Le bureau politique de Talaie El-Houriat souligne condamner avec "la plus ferme vigueur la forte emprise exercée par l'argent douteux sur l'échéance législative dont il pervertit le cours et dont il dévoie la raison d'être en tant que citadelle de la représentation populaire et de la défense de l'intérêt général (...)" Le BP se dit, par ailleurs, inquiet de la "menace réelle que fait peser l'argent douteux sur l'Etat national et les institutions de la République à travers la jonction malsaine et la collusion dangereuse entre les puissances de l'argent douteux et la sphère politique". La même instance exécutive du parti de Benflis ne reste pas sans exprimer sa surprise et son étonnement quant "au mutisme inacceptable du gouvernement, quant à l'inaction de la justice et quant à l'indifférence de l'instance de surveillance des élections à l'égard de l'ampleur de l'intrusion de l'argent douteux dans le processus de préparation de l'échéance législative à venir". Si ce laxisme, voire cette complaisance à l'égard de la connexion entre l'argent sale et la politique est dénoncé, le zèle que le gouvernement mettra à attaquer les partisans du boycott l'est davantage. "Le bureau politique a condamné avec la plus extrême fermeté la diffamation, les offenses et les outrages dont sont victimes ces forces politiques de la part du régime politique en place et de ses clientèles qui rivalisent dans la surenchère pour lui complaire, lui donner les gages de leur totale allégeance et s'attirer ses bonnes grâces dans la course ouverte aux meilleurs quotas électoraux", lit-on dans la résolution du BP du parti qui dit condamner en même temps "avec la même fermeté la forfaiture, l'arbitraire et l'abus de pouvoir auxquels se livre, impunément, le gouvernement en s'employant à réduire au silence total les opinions contraires au sujet de la prochaine échéance électorale en leur interdisant l'accès aux médias publics et même aux médias indépendants". Pour le parti Talaie El-Houriat, cet acharnement contre les partis qui boycottent le scrutin législatif est un acte arbitraire. Un acte par lequel le gouvernement, note la résolution du BP, persiste dans "ses dérives anticonstitutionnelles et illégales après avoir, dans un passé récent, menacé d'un retrait d'agrément les forces politiques qui ressentent comme un devoir politique et moral de ne pas s'associer à un processus que polluent si manifestement la tricherie politique, la fraude électorale et l'argent douteux auquel l'impasse politique actuelle a ouvert des appétits insatiables". Talaie El-Hourriyet dénonce ce qu'il qualifie de dérives et de violations franches et flagrantes de la Constitution. Des dérives qui sont, martèle le BP, "gravement dommageables au pluralisme politique qu'un régime politique hégémonique et totalitaire a déjà vidé dans une large mesure de son sens, de sa substance et de sa raison d'être". Sofiane AIt Iflis