"Il serait vain d'attendre d'un système politique archaïque qu'il produise un système économique rénové et rénovant tout comme il serait illusoire d'attendre de la performance, de la compétitivité et de la croissance", prévient le parti de l'ancien chef de gouvernement. La formation d'Ali Benflis, Talaie El-Houriat, décrit le "prétendu" nouveau modèle de croissance économique adopté le 26 juillet dernier au Conseil des ministres. Un projet que le bureau politique du parti, réuni hier à Alger, en session ordinaire, condamne d'ores et déjà car voué à l'échec tant est qu'il émane, regrette-t-il, du "système politique archaïque". Pour l'instance exécutive du parti de Benflis, "il serait vain d'attendre d'un système politique archaïque qu'il produise un système économique rénové et rénovant tout comme il serait illusoire d'attendre de la performance, de la compétitivité et de la croissance", prévient le parti de l'ancien chef de gouvernement, accusant que "tout dans la nature et le fonctionnement du système économique en place est hostile à la croissance". Dans un communiqué sanctionnant la réunion du BP de Talaie El-Houriat, il est mis en exergue, entre autres, "la conception clientéliste de la gestion économique" privilégiée par le pouvoir en place et son utilisation de l'acte économique comme "moyen de rétribution des allégeances et de sanction des critiques et des insoumissions", ou encore "son népotisme qui ne laisse pas de place à la rationalité économique". Le tout est dicté, regrette le parti de l'ancien chef de gouvernement, par le caractère du pouvoir "réfractaire au changement et à la réforme". Un système, ajoute-t-il, gangrené par "la corruption généralisée que toutes les études internationales désignent comme l'un des principaux freins à la croissance et au développement des pays". Pour Talaie El-Houriat, le nouveau modèle de croissance économique est ainsi synonyme d'une utopie d'autant plus, relève-t-on dans le même communiqué, que sa présentation, lors du dernier Conseil des ministres, "observe un silence troublant quant au contenu, aux échéanciers, aux instruments et aux objectifs mesurables et vérifiables de ce modèle (...)". Ce qui, en soi, dénonce encore Talaie El-Houriat, révèle que le régime politique en place procède toujours par "improvisation et par tâtonnement". Le parti d'Ali Benflis considère à ce titre que ce modèle de croissance "est dépourvu de sens dans le contexte d'un système économique dont les dérèglements structurels n'ont pas été préalablement assainis". Il regrette ainsi que "les nombreux gisements de croissance dont dispose le pays resteront inexploitables aussi longtemps que le système économique national dans son ensemble n'aura pas connu de transformations radicales dans sa nature, dans sa gestion et dans son fonctionnement". Cela, sans parler, lit-on encore dans le communiqué, du coût excessif de ce modèle de croissance dont la réduction drastique des ressources financières rend la mise en œuvre illusoire. Talaie El-Houriat n'a pas manqué de dénoncer, au passage, "la persistance du régime à traiter les grands dossiers nationaux dans l'opacité la plus totale". La nouvelle loi sur le régime électoral et la loi organique sur l'instance de surveillance des élections, promulguée dans le sillage de la nouvelle Constitution, ont constitué, par ailleurs, les autres dossiers sur lesquels le parti s'est penché, les qualifiant de textes venus pour "conforter l'hégémonie politique des clientèles du régime politique" et consacrer la "mainmise exclusive de l'appareil politico-administratif sur la gestion des processus électoraux". Le réconfort pour Talaie El-Houriat vient, cela dit, des réunions respectives du Pôle des forces du changement et l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition, (Icso), dont "l'identité de vues et de positions des partis et des personnalités politiques membres sur les graves atteintes au pluralisme politique" qu'il accueille avec "satisfaction". Il a également salué les décisions prises par l'Instance de procéder à l'élaboration d'un mémorandum sur les dérives antidémocratiques des deux lois organiques suscitées. Notons que le bureau politique de Talaie El-Houriat n'a pas abordé les échéances électorales prochaines, jugeant certainement qu'il était trop tôt pour les soummettre à débat. Farid Abdeladim