Le chef terroriste targui Iyad Ag Ghali prouve, chaque jour, que Bamako devrait oublier l'idée d'une négociation de sa reddition. Le gouvernement malien pensera-t-il, peut-être, à avancer sur le chemin de la paix avec les ex-rebelles, seuls à même de contribuer à la lutte contre le terrorisme. Quelques jours seulement après la tenue de la conférence d'entente nationale à Bamako, de nouvelles violences armées ont touché le nord très instable du Mali. Outre les assassinats qui sentent les règlements de compte politiques et tribaux, cette zone du pays est également soumise à une forte activité terroriste, œuvre de la nouvelle alliance terroriste Nusrat al-islam wa al-muslimin, dirigée par Iyad Ag Ghali, ancien chef d'Ansar Eddine. Ce mouvement a revendiqué, en effet, la mort d'un soldat français de l'opération Barkhane, mercredi dernier, dans l'explosion d'une mine placée sur le chemin d'un convoi militaire français dans la région de Douentza, frontalière avec le Burkina Faso. Dans un communiqué relayé par l'agence de presse privée mauritanienne Al-Akhbar, Nusrat al-islam wa al-muslimin affirme que le soldat français est ses compagnons sont tombés "mercredi vers 16h dans une embuscade tendue par les moudjahidine à Douentza près de la frontière avec le Burkina Faso". Le convoi était en déplacement dans la zone pour "sécuriser les lieux après que les moudjahidine ont fait sauter une mine au passage d'un convoi militaire français accompagné de soldats burkinabés et maliens", a précisé ce communiqué, soulignant que ces derniers "menaient une mission de reconnaissance depuis une semaine", lit-on sur le site de l'agence mauritanienne. L'attaque contre l'armée française n'est pas la première action de ce nouveau groupe, dont le chef Ag Ghali est considéré comme le terroriste le plus recherché du Mali. Les Etats-Unis ont mis sa tête à prix pour cinq millions de dollars, au moment où le gouvernement malien et d'autres acteurs politiques et religieux pensent ouvrir un canal de discussion avec lui pour son éventuelle (mais improbable) reddition. Parallèlement, le face-à-face opposant les partisans et proches de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion) à ceux de la Plateforme d'Alger (pro-Bamako) se poursuit avec ses séries d'assassinats ciblés dans le nord du Mali. Le dernier en date remonte à hier matin dans un village du nord du Mali, Gargando, où un notable a été tué avec trois autres habitants, a indiqué Almou Ag Mohamed, ancien chargé de communication de la CMA sur son compte facebook. Vendredi matin, une autre attaque a ciblé des positions de la Plateforme à Anéfis, à 110 kilomètres de Kidal, l'ancienne capitale de la rébellion targuie de 2012. Selon les médias maliens, des positions de la Plateforme ont été la cible d'une attaque de groupes armés non identifiés, faisant au moins deux morts dans les rangs du Groupe d'autodéfense des Touareg Imghad et alliés (Gatia) et trois blessés. Plusieurs autres attaques similaires ont eu lieu dans d'autres régions du pays, au moment où la communauté internationale essaie de faire avancer le processus de mise en œuvre de l'Accord d'Alger du 15 mai et du 20 juin 2015, arrivé dans sa phase d'installation des autorités intérimaires, avec plusieurs mois de retard. Lyès Menacer