En dénonçant et en condamnant l'attentat de vendredi contre un camp de la Minusma à Kidal au nord du Mali, la CMA, dont une composante est issue d'une dissidence avec Ansar Dine, le HCUA et la Plateforme s'inscrivent dans une opposition franche à Ag Ghali et aux objectifs de son groupe. Le leader du principal groupe terroriste du Nord-Mali, Ansar Dine, Iyad Ag Ghali, ne pourra désormais plus compter sur la "solidarité ethnique", la tribu des Ifoghas, pour agir "sous couvert" après l'attaque de Kidal qui a vu la CMA et la Plateforme, deux signataires de l'accord d'Alger, prendre leurs distances vis-à-vis de lui. En dénonçant et en condamnant l'attentat de vendredi contre un camp de la Minusma à Kidal, au nord du Mali, la CMA, dont une composante est issue d'une dissidence d'Ansar Dine, le HCUA et la Plateforme s'inscrivent dans une opposition franche à Ag Ghali et aux objectifs de son groupe. Et, en même temps, dans le strict respect de l'un des engagements paraphés à Alger dans lequel les groupes rebelles se sont engagés à lutter contre le terrorisme. Et c'est Ag Ghali qui leur a facilité les choses lorsqu'il a diffusé, en novembre dernier, un message sonore dans lequel il a menacé de s'en prendre à la France, dénoncé l'accord pour la paix et la réconciliation, tout en menaçant les signataires "qui ont trahi le sang et la terre". Et en passant à l'acte avec l'attentat de Kidal, vendredi, qui a fait six morts (des soldats du contingent guinéen) et une trentaine de blessés. Réplique immédiate de la CMA et de la Plateforme dans un communiqué conjoint dans lequel les deux blocs condamnent avec fermeté l'acte terroriste qui vise, selon eux, à saper l'accord pour la paix, tout en saluant la mission de la Minusma pour la stabilisation du Mali. Tout en dénonçant également les autres attentats qui ont ciblé les forces armées maliennes. Une réaction inédite de la part des groupes militaro-politiques qui étaient dans les années 1990 un seul groupe, la rébellion targuie, chapeauté par le même Ag Ghali, avant la création du groupe islamiste Ansar Dine qui a versé dans le terrorisme. Ag Ghali a facilité l'intervention française en janvier 2013, lorsqu'il a tenté, avec le soutien du Mujao, une expédition sur Bamako. Alors que des négociations entre la rébellion de 2012 et Bamako sont ouvertes à Alger, Ag Ghali adopte des positions de plus en plus radicales, marquant ainsi son opposition à la démarche de la majorité des groupes du Nord. Et devant ses multiples tentatives de torpiller l'accord d'Alger, les groupes du Nord se sont démarqués de lui, jusqu'à cette rupture, vendredi dernier, où ils ont dénoncé l'attentat de Kidal qu'Ansar Dine a revendiqué. Rupture qui s'est exprimée, également, par le soutien "inédit" aux forces militaires maliennes considérées, jusque-là, — particulièrement par le MNLA — comme une force d'occupation, régulièrement accusées d'exactions. Une évolution qui va, sans aucun doute, s'accentuer et accélérer la mise en œuvre rapide des dispositions de l'accord pour la paix et la réconciliation relatives à la sécurité. En clair, le communiqué de la CMA-Plateforme sonne comme une déclaration de guerre contre Ansar Dine dont la stratégie radicale ne cadre pas avec les objectifs de l'accord d'Alger qui intègre toutes les préoccupations (politiques, économiques, sociales et culturelles) des populations du Nord inscrites dans l'agenda des signataires de l'accord. Et la mise en place des patrouilles mixtes impliquant les éléments des groupes du Nord, la Minusma et l'armée malienne ira jusqu'à l'affrontement avec Ansar Dine qui signera, probablement, la fin de l'homme dont la tête a été mise à prix (5 millions de dollars) par les Américains. Une perspective qui bénéficie, d'ores et déjà, du soutien de l'UE, qui a réitéré hier son appui à l'accord pour la paix et sa disposition à aider le Mali. Djilali B.