Cette rencontre a permis, enfin, la confrontation de différentes approches sur les voies et moyens de protéger et prémunir les tailleurs de pierres face aux dangers de la silicose sur la santé de ces derniers. À l'initiative de la Chambre d'artisanat et des métiers (CAM) de Batna, une rencontre d'évaluation sur la maladie cancéreuse due à la silicose qui fait des victimes à Tkout a été organisée, dernièrement, à la salle des conférences du centre des recherches universitaires. Cette rencontre aura permis enfin la confrontation de différentes approches sur les voies et moyens de protéger et prémunir les tailleurs de pierres face aux dangers de la silicose sur la santé de ces derniers. Elle a été marquée par plusieurs communications de spécialistes de la santé, de la prévention, de l'artisanat, du travail et des organismes de l'assurance sociale. Il était surtout question de veiller plus que jamais à l'application des mesures de protection des tailleurs de pierres, puisqu'il n'est pas question, selon le directeur général de l'artisanat au ministère du Tourisme, Sid Ali Sebâa, d'interdire l'exercice de ce métier. "Il faut conjuguer les efforts de tous les partenaires pour pouvoir venir à bout d'une manière efficace des problèmes posés, notamment pour ce qui concerne la protection de la santé des tailleurs de pierres", a tenu à préciser le représentant du ministère du Tourisme et de l'Artisanat. Le wali de Batna a, pour sa part, annoncé à l'ouverture des travaux que "l'Etat prend en charge les familles (veuves et enfants) des tailleurs de pierres de Tkout qui sont décédés ces dernières années suite aux cancers causés par la silicose". Le premier responsable de la wilaya s'est engagé à acquérir au profit des tailleurs de pierres de Tkout des générateurs ou compresseurs d'oxygénation dont le prototype était exposé à l'occasion de cette rencontre. La silicose a tué à ce jour 131 personnes parmi les artisans de ce métier dangereux et mortel. Les tailleurs de pierres ne bénéficient pas de la sécurité sociale et ne maîtrisent pas les bases techniques de la protection professionnelle. Ils sont livrés à eux-mêmes parce qu'ils tiennent à exercer ce métier malgré ses énormes risques. Dans une ville pauvre comme Tkout où il n'y a pas d'autres débouchés pour faire vivre leurs familles, les tailleurs de pierres travaillent entre 14 et 16 heures d'affilée par jour au façonnage des pierres. Ceci constituant assurément une longue exposition aux dangers effroyables de la silicose. Ces tailleurs de pierres, qui refuseraient même de porter des chaussures professionnelles d'après une professeure d'hygiène et de sécurité, ne disposent pas de tronçonneuses à base d'eau qui atténueraient les poussières de silicose. Ils travaillent à sec, ce qui est potentiellement risqué. Ni les mesures de protection sont prises en compte ni le contrôle médical effectué à Tkout. Un médecin en phtisiologie a fait observer que le masque nasal que certains portent en permanence ne peut être efficace s'il est utilisé au-delà de quatre heures de temps. C'est la pauvreté qui est à l'origine de leurs outils de travail rudimentaires. Généralement, lorsqu'on discute avec un tailleur de pierres, il nous dit qu'il est victime de son propre piège social : travailler dans le taillage/façonnage des pierres pour se faire de l'argent afin de pouvoir faire sa reconversion professionnelle dans un autre métier ou le mieux épargner une fortune pour lancer une affaire. Mais ils ignorent, selon un médecin, qu'en débutant avant l'âge de 18 ans ce métier de tailleur de pierres, le corps ne maîtrise pas encore l'immunité biologique. Le seul tailleur de pierres, de surcroît membre du bureau de wilaya de la chambre d'artisanat et des métiers, Rachid Méziani, sait que seules la modernisation des outils de travail et l'adoption stricte des règles de protection sans négligence aucune peuvent s'avérer être la solution idéale. Les matériels modernes et sophistiqués, puisque gérés à partir d'ordinateurs et de logiciels donc protecteurs de la santé, existent en Angleterre mais leur prix est hors de portée. Ali BENBELGACEM