Résumé : Une discussion houleuse s'instaure entre Farid et son épouse. Cette dernière est outrée par sa conduite. Elle appelle sa fille et lui remet son goûter. L'enfant acquiesce et se dirige vers le balcon. Farid lui pince la joue. -Où est passé ton koala ? -Koukla ? Il est là. Elle tend le menton vers la peluche qui gisait loin de la fenêtre. Farid la ramasse et la lui remet. -Si tu es sage, je t'achèterai plus tard une jolie poupée. Un grand sourire éclaire le visage de Feriel qui se met à manger son gâteau. Farid revient vers son épouse. -Notre fille est très intelligente. -Comme son père. Il relève l'ironie dans sa voix et s'approche d'elle. -Pourquoi pas comme sa mère ? -Parce que sa mère n'est qu'une petite idiote. -Allons, allons, Karima ! Ne te sous-estime pas à ce point. Ecoute, j'allais te proposer justement de visiter notre appartement. Tu veux bien ? Elle bondit sur ses pieds. -C'est vrai ? Le rêve devient réalité ? Il hoche la tête. - Ai-je l'air de plaisanter ? Moi aussi, j'en ai marre de vivre chez tes parents. Dieu seul sait ce que j'endure. Karima baisse les yeux. N'avait-elle pas dépassé les bornes avec son mari ? Elle tente d'ébaucher un sourire et demande : - C'est vrai ? Nous pourrions visiter cet appartement aujourd'hui même ? - Oui. Si tu veux. Elle garde le silence un moment, puis reprend : - Regarde-moi, Farid. Il relève les yeux et elle poursuit : - Je ne t'ai jamais manqué de respect. Et jusqu'à ce jour, malgré toutes les tempêtes qui ont éclaté entre nous, je n'ai rien entrepris. Mais cette fois-ci, tiens-le-toi pour dit : si jamais je découvre que tu ne racontes que des balivernes, je te jure sur la vie de Feriel que je n'irai pas par quatre chemins pour te mettre à la porte et t'attaquer en justice pour escroquerie. Farid sourit et lui prend la main. - Tu feras ça, ma chérie ? Mais je te reconnais plus ! Tu deviens agressive. Une vraie tigresse. Karima secoue la tête. - Je ne suis pas agressive, Farid, et jusqu'à présent tu ne m'as servi que des mensonges. N'oublies surtout pas que je viens de te remettre les économies de toute une vie de travail et de peine. Des années durant, j'ai serré la ceinture jusqu'au dernier trou pour épargner cet argent. Le jeu n'a pas été facile, avec un enfant sur les bras et un mari qui n'a jamais levé le petit doigt pour ramener quelque chose à la maison. N'oublie surtout pas ça, Farid. - Je n'oublie pas. Quand nous aurons visité notre appartement, tu mettras une croix sur tes doutes. - Alors, allons-y tout de suite. - Je te préviens qu'il est à vingt-cinq kilomètres d'ici. - Nous prendrons un taxi. - Si tu le payes, je ne dirai pas non. - Je paierai. (À suivre) Y. H.