Cette solution est perçue comme un palliatif qui ne règle pas les graves problèmes de trésorerie que rencontre un grand nombre de petites et moyennes entreprises de la branche. Face à la crise financière qui frappe l'Algérie, le gouvernement en manque de ressources a dû retarder le paiement des situations de travaux. Une situation qui risque de paralyser le secteur du bâtiment et travaux publics. Les conséquences de ces impayés sont déjà visibles : retard dans les paiements des travailleurs, chantiers au ralenti. Face à une grave crise qui s'annonce dans le secteur du BTPH, le gouvernement a usé d'un palliatif pour soulager les entreprises de la branche qui risquent de mettre la clé sous le paillasson. En effet, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a décidé d'autoriser ces entreprises à ne pas verser impôts et taxes pendant une période, c'est-à-dire le temps qu'il recouvre les situations de travaux antérieurs. Cette instruction du Premier ministre a été annoncée par Ali Haddad, président du FCE, aux membres de son organisation, lors de sa visite à Jijel, selon la chaîne de télévision privée Ennahar. Cette mesure salutaire ne règle pas ce problème des impayés qui dure depuis 2015 et qui empoisonne la vie d'un grand nombre de sociétés du secteur. Cette situation est d'autant plus grave que déjà nombre de sociétés du BTPH sont en manque de plan de charges en raison du gel de nouveaux projets d'infrastructures arrêté par le nouveau modèle économique, la feuille de route du gouvernement Sellal jusqu'en 2019. Cette situation pénalise les petites et moyennes entreprises du BTP, les grandes entreprises ont une trésorerie plus confortable. Le gouvernement Sellal en 2016 avait bloqué les paiements des situations de travaux pendant près d'un semestre avant de libérer les enveloppes à partir de juin de l'an dernier. Cette situation semble se reproduire cette année. Mais ses effets seront sans doute plus graves pour les entreprises de la branche qui semblent plus vulnérables l'année en cours. Le différé de paiement des impôts et taxes soulage en partie les entreprises du BTP en difficulté, mais ne règle pas leurs problèmes de trésorerie. De manière générale, la crise de ressources financières pour financer les nouveaux projets d'infrastructures aurait pu être en partie réglée par la contribution du secteur privé via le partenariat public-privé. Mais le texte de loi pour lancer ces partenariats n'a pas été encore promulgué. Sa mise en œuvre est retardée pour l'après-législatives. Par ailleurs, la décision du gouvernement de ne plus recourir à l'endettement extérieur le prive de crédits concessionnels, c'est-à-dire accordés à des conditions favorables par la Banque africaine de développement ou la BEI par exemple pour des projets à rentabilité avérée. Enfin, ne dit-on pas quand le bâtiment va, tout va ? En d'autres termes, si cette situation d'impayés perdure, elle risque d'entraîner la faillite d'un pan important du BTPH, d'aggraver le chômage, d'entraîner d'importants retards et, partant, d'importants surcoûts que va, en fin de compte, supporter le Trésor public, aggravant ainsi la situation financière du pays. K. Remouche