Dans nos précédentes éditions, nous avons publié quelques-uns des courriers échangés entre la direction de Cevital et celle de l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB) qui a empêché l'accostage d'un bateau transportant des équipements industriels importés par Cevital dans le cadre d'un investissement autorisé par l'Andi. Le lecteur a pu comprendre, à la lumière de ces documents, que la direction du port motivait sa position par le "refus" de Cevital de lui communiquer la "destination finale" des équipements importés. Il se trouve que la direction générale de Cevital, elle-même, ne détient pas cette information avec la précision exigée par l'EPB, sachant que le matériel en question sera implanté et exploité dans la wilaya de Béjaïa, dans un lieu que les autorités locales vont désigner ultérieurement. Cela, Cevital l'a bien fait savoir, par écrit, à l'EPB (voir nos précédentes éditions). Il faut, toutefois, rappeler et bien souligner qu'au regard de la réglementation, une entreprise portuaire n'a pas la prérogative légale d'exiger ce genre d'informations sous peine d'empêcher l'accostage d'un bateau, encore moins le débarquement de marchandises quelles qu'elles soient. Ce qui s'est passé à Béjaïa relève, tout bonnement, du jamais-vu, et cela cache mal, à vrai dire, à la fois un abus de pouvoir manifeste et une volonté délibérée d'entraver un investissement privé parfaitement en règle et bénéficiant de toutes les autorisations requises par la loi en vigueur. Cela, les travailleurs de Cevital l'ont bien compris. Du coup, ils ont tenté, eux aussi, de sensibiliser les autorités compétentes, à savoir le Premier ministre, le ministre des Transports et le wali de Béjaïa, en exprimant leurs inquiétudes quant au sort de leurs collègues qui risquent tout simplement de perdre leur emploi si les équipements acquis n'étaient pas débarqués. Nous publions ci-dessous les fac-similés des correspondances et des demandes d'audiences que le Comité de participation de Cevital a adressés, le 25 mars 2017, aux trois responsables cités plus haut ainsi qu'un courrier au Premier ministre, daté du 5 avril 2017. Toutes ces lettres sont restées sans suite, selon les représentants des travailleurs qui se considèrent otages d'une situation, pour le moins anormale, née d'un conflit fabriqué de toutes pièces, au nom d'intérêts obscurs dont nul n'est dupe. Un conflit qui n'aurait jamais dû advenir et que les autorités ne semblent pas pressées de résoudre. Ce qui ajoute à la colère des travailleurs qui estiment inacceptable que l'on joue ainsi avec leur outil de travail et que l'on mette en péril le gagne-pain de leurs familles.