Organisé par les citoyens du village d'Aït Semlal en collaboration avec sa famille et les villageois d'Achallam, l'hommage rendu à cette moudjahida est le premier du genre dans cette contrée de la région de Bouzeguène où le rôle de la femme a été totalement occulté, et ce, en dépit de ses sacrifices dans tous les domaines. Oubliée malgré son sacrifice en faveur de l'indépendance de l'Algérie, la Française Josiane Kofi, décédée en 1959, épouse de Saïd Hadj Saïd, officier de l'ALN, du village Achallam dans la commune d'Ifigha, collectivité relevant de la daïra d'Azazga, a bénéficié, dernièrement, d'un hommage solennel et digne. Organisé par les citoyens du village d'Aït Semlal en collaboration avec sa famille et les villageois d'Achallam, l'hommage rendu à cette moudjahida est le premier du genre dans cette contrée de la région de Bouzeguène où le rôle de la femme, à l'instar de toutes les régions d'Algérie, a été totalement occulté et ce en dépit de ses sacrifices dans tous les domaines. L'hommage rendu à cette héroïne n'a été rendu possible que grâce au chercheur en histoire, Mabrouk Rachedi, qui a recueilli des témoignages bouleversants auprès des femmes qui l'ont côtoyée. Ces gardiennes de la mémoire ont fait des aveux émouvants sur les souffrances de cette citoyenne française, prise en étau entre la traque de l'armée coloniale et les regards peu rassurants d'une partie des villageois. Josiane sera arrêtée par l'armée française en 1956 et séquestrée, pendant plusieurs jours, au poste militaire de Takharoubt, près d'Assif Ousserdoun, dans la commune de Bouzeguène. Elle subira des interrogatoires et des tortures pour dénoncer les positions de l'ALN. Elle sera finalement libérée sous condition de quitter l'Algérie pour renter définitivement en France. Josiane n'a pas obtempéré et a décidé de rester auprès de son mari en le rejoignant au maquis avec son enfant. Elle sera de nouveau recherchée par l'armée française qui passera tous les villages au peigne fin. Dans les maisons où elle se cachait, les villageoises lui assuraient la protection. Pour ce faire, elles lui ont gravé des tatouages autour du cou et sur le front puis elles lui ont percé les oreilles et teint ses cheveux. Mais pour les militaires français, le seul élément de référence était la couleur des yeux. Ferroudja Si Mohammed du village Achallam témoigne : "Un jour, les militaires sont rentrés dans notre maison et ont commencé à regarder toutes les filles dans les yeux. Josiane s'était, auparavant, maculée de suie sur le visage mais les militaires ont été surpris de constater que trois femmes avaient des yeux bleus, ce qui les a désemparés et poussés à quitter les lieux en colère !". Ceci dit, Josiane Kofi dut changer plusieurs fois de nom. Surnommée d'abord "Senouci Djedjiga" puis "Ferroudja" lors de son transfert, par les moudjahidine, vers le village d'Aït Ali Ou Mhend à Illoula Oumalou et enfin "Zahra", à son arrivée à Aït Semlal, elle a été accueillie dans un abri qui faisait office d'infirmerie pour prendre en charge les moudjahidine blessés. "Elle avait beaucoup souffert des multiples déplacements dans les villages. Elle n'avait rien mangé durant plusieurs jours et ses pieds étaient lacérés par le manque de souliers puis elle est tombée malade car atteinte d'une bronchite, mais elle avait du courage. La brave Josiane a fini par rendre, un beau matin, son dernier soupir", racontera avec peine Ouiza Senacel. Le permis d'inhumer délivré au camp militaire de Houra fut "maquillé" à l'époque puisque Nna Yamina Snacel dut utiliser son propre livret de famille pour déclarer alors la mort de sa propre fille, Snacel Ouerdia, qui est toujours vivante, à la place de la Française Josiane Kofi qui sera enterrée au vieux cimetière d'Aït Semlal. Le Dr Hadj Saïd dira que la famille du martyr Saïd Ouchallam est complètement décimée et sa maison détruite. L'écrivain Djoudi Attoumi remerciera les organisateurs de cet événement alors que Nordine Aït Hamouda, fils du Chahid Colonel Amirouche, dira que "nous préparons un dossier à soumettre à Mme Belghebrit, ministre de l'Education, pour inclure le parcours de cette héroïne algérienne, Josiane Kofi, dans les programmes scolaires". K. NATH OUKACI