Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, le 20 janvier dernier, Donald Trump n'a cessé de surprendre par ses décisions tranchantes dans de nombreux dossiers, dont cet inattendu limogeage du patron du FBI. Sortant de la traditionnelle manière de gérer d'un chef d'Etat américain, Donald Trump défraie la chronique depuis qu'il a pris ses fonctions au bureau ovale par sa manière de communiquer et ses décisions impromptues. Ainsi, la gestion du nouveau président des Etats-Unis se caractérise par ses déclarations chocs, qui laissent penser une intention chez lui de provoquer ses interlocuteurs, voire les désarçonner. Il a démontré mardi soir qu'il ne mettait pas de gants pour dégommer un haut responsable en annonçant le limogeage avec "effet immédiat" du directeur du FBI, James Comey. Voilà une décision surprise, qui a provoqué une véritable onde de choc à Washington où des élus ont évoqué le spectre du Watergate. "Si j'ai apprécié que vous m'ayez informé, en trois occasions distinctes, du fait que je ne faisais pas l'objet d'une enquête, je suis cependant d'accord avec l'analyse du ministère de la Justice selon lequel vous n'êtes pas capable de diriger de manière efficace le Bureau", a écrit Donald Trump dans la lettre de limogeage adressée à James Comey, lui signifiant son licenciement avec "effet immédiat". Mais ce qui fait tiquer les analystes, c'est la raison avancée du limogeage, qui n'est autre que la façon dont James Comey a géré le dossier des emails d'Hillary Clinton. Donald Trump l'accuse en substance d'avoir mal traité cette dernière en dévoilant à la presse de nombreux détails de l'enquête... des détails que lui-même avait pourtant utilisés quotidiennement pour pilonner la démocrate pendant la campagne. Ce limogeage surprise a fait l'effet d'une bombe au Congrès, où le chef de file de l'opposition démocrate du Sénat, Chuck Schumer, a déclaré : "Monsieur le Président, avec tout le respect que je vous dois, vous faites une grave erreur." De son côté, Tim Kaine, l'ex-colistier d'Hillary Clinton a estimé que le limogeage de James Comey "montre à quel point l'administration craint l'enquête sur la Russie", y voyant la tendance croissante de l'administration Trump à "cacher la vérité". Quant au sénateur démocrate Patrick Leahy, il a trouvé "absurde" la justification donnée par le président Trump, selon laquelle Hillary Clinton aurait été traitée avec partialité. "Ce n'est rien de moins que nixonien", a-t-il tonné, dans une allusion à la décision de Richard Nixon de remercier, en 1973, le magistrat indépendant Archibald Cox qui enquêtait sur le scandale du Watergate qui allait entraîner sa chute. Plus inquiétant pour Donald Trump, le malaise se répandait également dans le camp républicain. Le chef de la puissante commission du Renseignement du Sénat américain, Richard Burr, s'est déclaré "troublé" par le timing et les raisons avancées pour ce spectaculaire limogeage. Merzak Tigrine