La nouvelle direction de la FAF, incarnée par son président Kheireddine Zetchi, fait volte-face. Après avoir pourtant montré la voie de la fermeté, du reste saluée par la majorité des observateurs, en domiciliant les deux demi-finales de la Coupe d'Algérie, MCA-ESS et CRB-USMBA, au stade du 5-Juillet, à l'image d'ailleurs de ce qui s'est produit la saison passée pour la rencontre NAHD-USMBA, la FAF fait marche arrière, optant cette fois-ci pour les deux stades exigus de la capitale, Bologhine et le 20-Août. Pourquoi ? Il est clair que la pression terrible exercée par les deux clubs, le CRB et le MCA, et les ingérences en haut lieu de la pyramide de l'Etat en faveur de ces deux équipes ont fini par faire abdiquer la fédération. Le président du MCA, Omar Ghrib, avait été le premier, jeudi dernier, à annoncer cette décision, preuve qu'il a été mis au parfum au moment où le président Hamar affirmait qu'il ignorait tout de ce qui se tramait à la FAF. Ali Malek, le président de la commission fédérale de la Coupe d'Algérie, le président de la FAF, Kheireddine Zetchi, et même le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, ont tous appuyé et applaudi cette décision de domicilier les deux affiches au temple du 5-Juillet pour des raisons de sécurité, de retransmission télévisuelle et surtout pour garantir un spectacle de qualité, loin de tous calculs clubards. N'en déplaise aux dirigeants du CRB ou du MCA, qui pourtant avaient insisté pour jouer tous leurs matches de championnat au 5-Juillet, y compris celui contre l'ESS, ce n'est pas en optant pour des petits terrains qu'ils réussiront à hisser leur niveau de jeu ou à enrichir leur palmarès. Bien qu'en retard, l'USMA vient de le comprendre en choisissant de disputer la Ligue des champions d'Afrique au 5-Juillet. Aussi, du point de vue réglementaire, la FAF avait toutes les raisons et le droit de faire un tel choix. La commission de la Coupe d'Algérie n'avait fait qu'appliquer l'article 15 du règlement de la compétition, relatif à la programmation et la désignation des terrains, dans son chapitre 1 concernant les seniors, notamment son alinéa A qui stipule clairement qu'"à partir des 1/32es de finale, la domiciliation des rencontres de la phase nationale est du ressort exclusif de la Fédération", c'est-à-dire que la FAF peut opter pour le stade qu'elle juge adéquat en toute souveraineté. Le CRB et le MCA, qui présentent comme argument dans leurs recours l'alinéa B de l'article 15 qui indique que "sous toutes réserves, les rencontres de la phase nationale sont programmées sur le stade du premier club tiré au sort, celui-ci devant répondre aux normes de sécurité exigées et avoir une capacité d'accueil d'au moins 8000 places assises et doté obligatoirement d'un terrain de jeu en gazon naturel ou artificiel", font donc sciemment abstraction de cet alinéa A, prioritaire eu égard à l'esprit de la loi. La FAF piétine sa propre souveraineté Dans une déclaration à Liberté, Ali Malek avait abondé dans ce sens pour justifier le choix du 5-Juillet. "La polémique de cette domiciliation a commencé au lendemain de la qualification des deux équipes en demi-finales. Chaque partie voulait imposer ses choix sans se soucier de la réglementation en vigueur. En qualité de président de cette commission fédérale, mon rôle est de respecter et d'appliquer la réglementation en toute équité. Mon seul souci est le respect des textes, sans plus. Beaucoup de choses ont été dites dans la presse, d'où cette grosse tension exercée sur les structures chargées de traiter cette affaire. Nous avons pris la décision en notre âme et conscience de domicilier les deux matchs au stade du 5-Juillet. La réglementation est claire à ce sujet. Nous avons pris la décision de domicilier les deux matchs au stade du 5-Juillet en toute souveraineté, car cette enceinte sportive répond parfaitement aux normes organisationnelles et sécuritaires. Je veux juste rafraîchir la mémoire aux gens qui oublient que la saison passée le club de Ghriss voulait recevoir le MCA au petit stade Meflah-Aouad de Mascara, mais cette rencontre avait eu lieu au stade de l'Unité africaine de Mascara, qui a été doté d'une nouvelle pelouse en gazon naturel la veille de ce rendez-vous. Le match s'est déroulé dans un grand fair-play. C'est juste pour rafraîchir la mémoire de ceux qui s'agitent aujourd'hui. Il y a eu CRB-USMB qui s'est joué à Chlef pour les mêmes raisons en 1/8es de finale, le match USMH-RCA a été délocalisé au stade du 20-Août, car on a estimé que Lavigerie ne répondait pas aux normes réglementaires. D'autres petites équipes étaient obligées d'abandonner leur terrain pour accueillir leurs adversaires dans d'autres enceintes. Les exemples sont nombreux, il faut mettre un terme à ce faux problème pour ne pas créer à l'avenir ce genre de comportement négatif", avait indiqué, à Liberté, Ali Malek le 9 avril dernier. Un mois plus tard, Ali Malek qui s'est fait insulter en direct à la télévision par Omar Ghrib, qui l'avait traité de tous les noms d'oiseau, semble changer de ton. Zetchi aussi. En outre, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ould Ali El-Hadi, avait assuré, le 13 avril dernier, toujours dans les colonnes de Liberté, suite à la décision de la commission d'organisation de la Coupe d'Algérie de reporter les deux demi-finales MCA-ESS et CRB-USMBA à une date ultérieure : "À ce que je sache il n'y a aucune polémique concernant le report des deux demi-finales de la Coupe d'Algérie. Toutes les parties étaient d'accord sur cette décision. Pour ce qui est de la domiciliation des deux matches, le MJS soutient amplement les décisions de la commission d'organisation de la Coupe d'Algérie. Je pense que les décisions prises sont justifiées et valables. Nous appelons souvent à la sagesse et au respect des décisions qui, à mon avis, vont dans le sens de l'intérêt général du sport et du foot en particulier. Le foot, pour nous, reste un jeu, et les clubs doivent respecter certaines décisions qui, selon les lois et les textes, sont justes et convaincantes", a-t-il fait savoir. Là aussi, il faut s'attendre à un changement de discours au gré des rapports de force. Faut-il rappeler à ce titre que la domiciliation du match des demi-finales entre le CR Belouizdad et l'USM Bel-Abbès au stade du 5-Juillet n'a pas seulement été contestée par la direction et les dirigeants du club de Laâqiba, mais aussi par les fans du club qui ont manifesté début avril dans la soirée devant le siège du club, boulevard Mohamed-Belouizdad à Alger. Une centaine de supporters et amoureux du CRB a en effet envahi les rues pour dénoncer la décision de la commission d'organisation de la Coupe d'Algérie de faire jouer l'équipe au stade du 5-Juillet au lieu du 20-Août. Le lendemain, le président du CR Belouizdad, Mohamed Bouhafs, a été reçu par le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, afin de calmer les esprits avant que les demi-finales ne soient carrément reportées à une date ultérieure. C'était le prélude au retournement de veste. Une fin de championnat mouvementée Le diktat des clubs ne s'arrête pas à la Coupe d'Algérie, il est également perceptible en championnat. Le fait d'avoir improvisé cette programmation de la Coupe d'Algérie pour ce week-end est en lui-même une façon de régler un autre problème né de la planification du match en retard CSC-MCA. Après avoir dans un premier temps programmé le match pour le 17 mai, la LFP est revenue sur sa décision, sous la pression du MCA, et fixe la rencontre pour le 19 mai. Cependant, là aussi, le CSC refuse de jouer à cette date. C'est l'impasse. Et au lieu de faire preuve de fermeté, les instances du football s'adonnent à leur sport favori, la soumission aux désidératas des clubs et de leurs parrains. Or il est bien connu que l'enjeu de la programmation est capital dans n'importe quelle compétition. Elle peut être fatale pour une équipe qui subit une trêve de deux mois et qui se voit de nouveau sans compétition officielle pour une vingtaine de jours, juste après avoir joué un seul match de championnat, à l'image du CSC, de l'USMH, du CAB ou encore de la JSS. Le coach de l'ESS, Madoui, avait du reste justifié la défaite de son équipe contre le CRB par une programmation aléatoire qui a obligé son équipe à une trêve de plus de 50 jours. Pour le président de l'ESS, Hacen Hamar, "on veut à tout prix nous saboter, sinon expliquez-moi pourquoi on a choisi ce jour et presque à la même heure du match pour annoncer la date du déroulement de la demi-finale de la Coupe d'Algérie contre le MCA". La fin de championnat risque d'être mouvementée.