Résumé : Youcef accepte la proposition de Linda. Cette dernière tente de lui trouver un gîte où passer ses nuits. Elle lui proposera une remise au fond du jardin, qu'elle pourra transformer en une petite pièce accueillante. Le jeune homme lève les yeux au ciel. - Mon Dieu, pour quelqu'un comme moi, ce sera un véritable palais. - Je préfère quand même attendre que mon mari soit là pour tout mettre en œuvre. Il saura au moins qu'il y a quelqu'un dans la maison lors de ses fréquentes absences. Oh ! Ne t'inquiète pas. Tu auras ton salaire. Je tiens absolument à te payer. Et tu pourras prendre tes repas dans la cuisine tous les jours avant de faire la vaisselle. - Madame. Vous me prenez entièrement en charge, et je vous assure que cela compense largement ces menus travaux que vous me proposez. Néanmoins, je dois vous signaler que je n'ai aucun papier sur moi. Elle sourit. - Ça, je l'ai bien compris, Youcef. Je sais que les fous n'ont pas besoin d'une carte d'identité. Il soupire : - Avant que "je ne devienne fou", il y a eu toute une histoire. Tout un prélude à ma situation actuelle. À ce moment même, quelqu'un sonne à la porte d'entrée, et le jeune homme se lève pour aller ouvrir. C'était une jeune infirmière. - C'est pour Madame D., lui dit-elle en lui tendant une béquille. C'est Dr Hacène qui m'a chargée de la lui remettre. Youcef prend la béquille et revient vers Linda. - Vous saurez "marcher" avec ?, lui lance-t-il en la brandissant. Elle secoue la tête. - Je ne saurais te répondre. Elle tente de se lever, mais sa jambe pesait lourd. Elle soupire. - Youcef, aide-moi à me mettre debout. Il s'approche d'elle et la prend par les épaules. Elle réussira tant bien que mal à mettre ses deux jambes sur le sol, avant de s'appuyer au bras du jeune homme pour se lever. Youcef secoue la tête. - N'appuyez surtout pas sur votre jambe enflée. - Mais alors, comment faire ? - Attendez, je vais vous montrer. Il se met en face d'elle et lui tend la béquille. - Essayer de la mettre sous votre aisselle. Voilà. Maintenant, essayez de vous relever en vous aidant de votre jambe valide. Aussi curieux que cela puisse paraître, la jeune femme réussira à se mettre debout sans trop de mal, avant de sautiller pour s'éloigner du divan sur lequel elle était allongée. - Oh ! Mais on dirait que vous vous débrouillez bien avec cette béquille, sauf qu'il faudra plutôt marcher que sautiller. Linda se met à rire. - Cela ira. Je vais vite m'y habituer, lance-t-elle en se dirigeant clopin-clopant vers la cuisine. Elle constate que son panier de provisions était sur la table. Le jeune homme se tenait près d'elle, et elle lui demande de mettre un peu d'ordre. - Tu vas commencer par déballer les provisions. Tu mettras les laitages, les jus de fruits, les sodas ainsi que la viande dans le frigidaire. Pour les légumes secs et le pain, tu n'as qu'à ouvrir les deux placards du bas. Il s'exécute, puis lui lance un regard interrogateur. Elle tire une chaise et s'assoit avant de lancer : - Parfait. Maintenant, mets cette marmite sur la cuisinière et réchauffe le déjeuner. Quelques minutes plus tard, la table était dressée et le repas servi. - Je vous laisse manger tranquillement, madame, je reviendrai prendre de vos nouvelles dans l'après-midi. Elle dépose sa cuillère et fronce les sourcils. - Mais où vas-tu donc ? - Reprendre ma position sur le banc d'en face. Elle se laisse aller contre sa chaise, avant d'indiquer celle qui lui faisait face. - Jeune homme, je crains que tu ne doives oublier ce banc pour un moment. Je te suggère plutôt de t'attabler et de déjeuner avec moi. (À suivre) Y. H.