Résumé : De la fenêtre de son salon, Linda remarque qu'un mendiant fouinait dans la poubelle. Il portait une camisole de force. Elle eut pitié de lui et lui offre quelques victuailles. Elle est surprise de constater que l'homme n'était pas fou. Etait-il recherché par la police ? Elle eut réellement peur et s'enfuit, alors que l'homme la regardait d'un air surpris. La faim le tenaillait. Il mange sa brioche et remet le reste dans le sac en papier, avant de se lever pour aller sonner cette jeune femme qui est gentiment venue lui donner à manger. Le doigt sur la sonnette, il hésita un moment avant d'appuyer. Aussitôt une voix jeune et fraîche se fait entendre à travers l'interphone. - Qui est là ? - Heu... C'est moi. Le mendiant à qui vous avez donné à manger. Un silence suivit, puis la voix de la jeune femme reprend : - Allez-vous-en. Que voulez-vous donc ? - Juste vous remercier comme il se doit, madame. J'avais tellement faim et... - Vous m'avez déjà remerciée, le coupe Linda, tremblante - Pas comme il se doit. J'aimerais surtout vous faire savoir que je ne suis pas fou, et que vous êtes très généreuse et... très belle. Linda réprime un rire. Le fou n'était pas fou. Il avait plutôt le verbe facile et était en train de lui faire la cour. Si jamais elle racontait ça à quelqu'un, c'est elle qui serait traitée de folle. Elle reprend son sérieux et lance : - Merci pour le compliment, je suis flattée, mais je vous assure que je n'ai fait que mon devoir envers un être humain qui avait l'air affamé. - Affamé ? Vous pouvez dire que j'étais au bord de l'évanouissement. Cela fait trois jours que je n'ai rien avalé. Il se tut un moment et reprend : - Je ne suis ni fou ni agressif. Mais... Il jette un coup d'œil à sa tenue et poursuit : - Des circonstances ont fait que j'ai réellement été envoyé dans un asile de fou, où j'ai subi toutes sortes de traitements. Il soupire. - Oh ! c'est une longue histoire, et je n'aimerais pas vous embêter avec tout ça, madame. Linda ne savait plus quoi répondre à ce jeune homme qui avait une très belle voix et un bel accent. Un timbre d'intellectuel, constatera-t- elle. - Vous ne m'embêtez pas, mais mon mari ou quelqu'un d'autre risquent de vous remarquer devant le portail. - Ah ! je comprends. Mille excuses, madame. Je voulais seulement vous demander si vous n'auriez pas de vieux vêtements à m'offrir. Un vieux pantalon, un pull. Je dois impérativement me débarrasser de cette camisole. Linda réfléchit un moment et se dit qu'elle devrait pouvoir trouver quelques vieux fringues de son mari, mais pas dans l'immédiat. En attendant, elle pourrait lui offrir une couverture. Ces derniers temps, les nuits étaient bien fraîches. (À suivre) Y. H.