Trois mois après l'agression dont été victimes certains de leurs collègues, les enseignants de l'université d'Alger III peinent toujours à obtenir "réparation" au préjudice moral subi. L'administration, que certains enseignants soupçonnent de "complicité" avec les étudiants-agresseurs, n'est visiblement pas disposée à traduire ces "baltaguis", pour reprendre une expression des enseignants, en conseil de discipline. "Nous avons beaucoup plus confiance en la justice auprès de laquelle nous avions déposé plainte", soutient un enseignant. Réuni lundi, le conseil de discipline de la faculté des sciences politiques et des relations internationales n'a pas inscrit, à l'ordre du jour, le dossier de ces agresseurs. Pourtant, ce ne sont pas les "pièces à conviction" qui manquent : outre un dossier remis à l'ancien doyen, une pétition signée samedi dernier par près d'une centaine d'enseignants a été remise au nouveau doyen fraîchement nommé. "Et jusqu'à l'heure actuelle, c'est le statu quo", déplore la même source. Volonté d'étouffer l'affaire ou tergiversations en jouant la carte de l'essoufflement du mouvement des enseignants ? Une première victoire, cependant, pour les enseignants : la justice a débouté le recteur de l'université dans sa plainte pour "diffamation et calomnie" introduite à l'encontre de trois enseignants, membres du Cnes. En effet, le tribunal de Bir Mourad-Raïs a acquitté, hier, le professeur Rezig Mohamed, coordonnateur du Cnes, le Dr Fellah Ahmed et le Dr Abdat Abelwahab. "Il aurait été préférable que vous vous constituiez partie civile contre les baltaguis qui ont agressé les enseignants le 16 février au lieu d'entraîner d'honorables professeurs devant les tribunaux dans une affaire que vous savez perdue d'avance", a commenté le Cnes sur sa page facebook, non sans "remercier la justice et tous ceux qui ont soutenu les enseignants". En attendant que l'autre plainte — celle déposée par les enseignants contre les agresseurs — aboutisse (le dossier est actuellement entre les mains du procureur), les enseignants attendent l'installation du nouveau ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour revenir à la charge. Leur demande d'audience au ministre Mohamed Mebarki, qui a assuré l'intérim de Tahar Hadjar, engagé dans la compétition électorale et élu tête de liste à Tiaret, n'a pas reçu de réponse, selon notre source. K. K.