Sonelgaz projette d'investir 50 milliards de dollars sur dix ans (2017-2027). Mais par manque de ressources, elle ne pourra pas financer un tel plan de développement. Aussi, a-t-elle demandé à la Banque africaine de développement (BAD) d'organiser un tour de table financier pour mobiliser de la ressource. Les deux parties ont déjà engagé des discussions à ce sujet. L'institution africaine a manifesté son intérêt pour ce programme d'investissement, explique son représentant résident, le Malien Boubacar Sidiki Traore. Ce denier s'exprimait au cours d'une conférence de presse tenue jeudi 18 mai, au siège de la banque à Alger. Traore a indiqué que ce plan d'investissement est sous-tendu non seulement par une vision algérienne, mais également par une vision d'intégration africaine. Nous comptons financer, dit-il, des projets dans le secteur de l'énergie en Algérie avant la fin de l'année en cours, des financements qui devraient se poursuivre l'année prochaine et durant les années suivantes. La BAD a également été sollicitée par les autorités algériennes pour accompagner le plan d'investissement de Sonatrach. L'institution financière africaine n'a, cependant, pas encore eu de contacts directs avec les responsables de la compagnie nationale d'hydrocarbures. Sonelgaz et Sonatrach peuvent emprunter sur le marché international. La loi de finances 2017 les y a autorisées. Il ne s'agit pas là d'endettement souverain. Le pays n'entend pas, pour l'heure, y recourir. L'Algérie a contracté en 2016 un prêt de 900 millions d'euros auprès de la BAD, remboursable sur vingt ans et assorti d'un taux d'intérêt de moins de deux pour cent, selon les termes de Boubacar Sidiki Traore. Celui-ci a rappelé que l'institution avait décaissé en décembre 2016 un appui budgétaire de 900 millions d'euros pour financer le programme algérien d'appui à la compétitivité industrielle et énergétique. Il ne s'agit pas d'un chèque en blanc, note-t-il. Et de souligner qu'un groupe d'experts de la BAD s'est entretenu avec des responsables algériens (finances, Trésor, .....) pour s'assurer que tout se passe bien et que cet argent va servir à diversifier l'économie nationale, à la réformer et à développer la compétitivité industrielle et l'énergie. En Algérie, a-t-il relevé, la contribution de l'industrie est estimée à seulement 5% du PIB en 2014 et reste relativement très faible comparée aux autres pays de la région. Face au déclin du secteur de l'industrie manufacturière, les autorités algériennes ont fait de la relance de la production nationale et du développement du secteur industriel une priorité. Plusieurs politiques transversales (développement des ressources humaines, politiques d'appui à l'innovation, amélioration de l'environnement des affaires, etc.) ont été ainsi adoptées et des stratégies sectorielles (la pharmacie, la métallurgie, et l'agroalimentaire, etc.) mises en place. Inverser la tendance Malgré ces initiatives, le secteur industriel reste encore insuffisamment compétitif, inadapté à un environnement concurrentiel, peu sophistiqué et très peu diversifié. Pour inverser cette tendance peu favorable et redynamiser la compétitivité de l'économie algérienne, l'étude sur la diversification de l'économie de la BAD vise, selon lui, à accompagner les nouvelles mesures et initiatives du gouvernement algérien visant à favoriser la transition de l'économie vers une croissance encore plus élevée et diversifiée hors du secteur des hydrocarbures. L'objectif recherché est de cibler davantage les activités productives et moins vulnérables aux chocs extérieurs, notamment à la volatilité des prix du baril du pétrole. Boubacar Sidiki Traore estime que cette étude vient à point nommé en réponse aux principales conclusions et recommandations de la consultation gouvernement-Cnes du 19/09/2015, qui préconise une nouvelle vision de développement et de croissance en Algérie, dans des conditions difficiles, marquée, entre autres, par un effondrement significatif des cours des hydrocarbures depuis juin 2014. Dans cette perspective, l'étude sur la diversification de l'économie, estimée à 781 350 UC, dont l'exécution s'étalera sur 24 mois, à compter de décembre 2015, s'articulera autour de trois volets stratégiques suivants : premier volet "Diagnostic du secteur industriel algérien et évaluation des politiques publiques de promotion de l'industrie". Il s'agit d'analyser la performance de l'industrie algérienne, de déterminer ses facteurs de compétitivité et son degré de sophistication et d'identifier les entraves à sa diversification. Dans ce cadre, il sera procédé, entre autres, à une évaluation de l'efficacité des instruments de la politique de soutien à l'industrie ; un diagnostic des attributions et prérogatives des différents acteurs impliqués dans la mise en œuvre de la politique industrielle ; et un passage en revue les structures d'appui au secteur industriel, (centres techniques, organes en charge de la promotion de l'industrie, infrastructure qualité). Y. S.