Le Parti des travailleurs a réuni hier son comité central au Village des artistes de Zéralda pour examiner la position à adopter par rapport à la nouvelle Assemblée nationale issue des élections législatives du 4 mai dernier. Assommée par les résultats officiels décevants récoltés par sa formation à l'occasion de ce scrutin, la secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune, s'est lancée hier dans un véritable réquisitoire contre cette opération électorale qu'elle a dénoncée de bout en bout. Si elle remet en cause d'emblée la crédibilité de la nouvelle APN et même du gouvernement qui sera formé sur la base de la même majorité, Mme Hanoune a évité de se prononcer ouvertement en faveur d'une improbable dissolution de la première chambre du Parlement ou d'un éventuel retrait des députés élus de sa formation, laissant, sans aucun doute, le soin de le faire au Comité central qui l'a, d'ailleurs, inscrit comme un des points de l'ordre du jour de sa session. Et si la participation du PT à ces élections relève de "la tactique", comme l'explique Louisa Hanoune, il s'agira maintenant de savoir si sa formation va officiellement siéger dans une assemblée pour laquelle elle dénie tout crédit. "C'est un édifice artificiel. Combien tiendra-t-il ? Des mois ? Des années ? Je ne pense pas qu'il va tenir des années", assène-t-elle, arguant que le régime en place n'a plus d'assise sociale comme c'était le cas auparavant grâce à la manne pétrolière. Tout au long de son discours-fleuve, la SG du PT n'a, d'ailleurs, pas mâché ses mots pour s'élever contre ce qu'elle considère comme "un véritable coup d'Etat contre le peuple" qui, admet-elle, "a massivement boudé les urnes". Pour elle, d'ailleurs, la participation n'a pas dépassé les 20% et les chiffres officiels ont été grossièrement gonflés par le ministère de l'Intérieur. Ce qui, dit-elle, "a mis devant le fait accompli" le Conseil constitutionnel qui s'est retrouvé "piégé" par les résultats qui lui ont été communiqués par le ministère de l'Intérieur. Mme Hanoune dit, en tout cas, ne rien attendre du Conseil constitutionnel, ni de la Haute instance de surveillance des élections du moment, que l'opération électorale était menée, du début jusqu'à la fin, pour arranger les partis au pouvoir, estime-t-elle. Ainsi, elle n'a pas hésité à faire le parallèle avec les pratiques du pouvoir colonial pendant la présence française en Algérie, qui recourrait, à l'époque déjà, au bourrage des urnes pour empêcher les candidats indépendantistes d'accéder à l'Assemblée algérienne. Violence physique et politique, recours à des "baltaguias", chantage des plus abjects contre la société civile, notamment les associations et les syndicats... pour la SG du PT, le comportement du régime algérien confirme qu'il est d'inspiration totalitariste. "Auparavant, on parlait de pollution dans la pratique politique, mais maintenant, on est dans le pourrissement et la décomposition politique", lâche-t-elle, considérant qu'il s'agit là d'une confirmation que "ce régime a définitivement atteint son point de déséquilibre" et que "sa chute est imminente". "Le gouvernement découlera d'une majorité parlementaire qui est issue d'une fraude électorale généralisée. Ni l'un ni l'autre n'auront de crédibilité", estime Louisa Hanoune qui tient à souligner que c'est là la raison pour laquelle le pouvoir se cherche toujours des soutiens à l'étranger à qui il accorde avantages et concessions. La SG du PT avance, pour autre preuve du "pourrissement de la pratique politique" qu'elle décrit, l'élection de pas moins de 80 hommes d'affaires comme députés, à l'occasion des dernières législatives. "Que viennent-ils chercher à l'APN si ce n'est la défense des intérêts de l'oligarchie et des groupes d'intérêt, mais aussi la garantie d'une immunité parlementaire", mitraille l'oratrice pour qui cette situation est "une provocation de plus pour la population".